Le Burkina Faso est confronté, depuis environ une décennie, à une crise multidimensionnelle qui conjugue un conflit armé impliquant des groupes armés terroristes, une instabilité politique, des tensions communautaires et une radicalisation de jeunes nourrie par l’absence de perspectives d’emplois. A l’image des pays du Sahel, il est aujourd’hui l’épicentre de l’activité des groupes armés terroristes. La conflictualité est alimentée par des facteurs structurels dont la compétition autour du foncier et d’autres ressources naturelles, de même que les tensions communautaires attisées par la stigmatisation.
Nonobstant la présence de ressorts sociaux et institutionnels de résilience et les politiques de stabilisation, la situation sociocommunautaire du Burkina Faso demeure préoccupante et appelle une réponse coordonnée aux fins de restaurer la paix, la cohésion sociale et la sécurité. C’est pourquoi, notre travail au Burkina Faso, inspiré d’une part par l’agenda de paix qui résulte d’une analyse des facteurs de conflit et de résilience, et d’autre part par les priorités nationales, est articulé autour du renforcement de la cohésion sociale et du vivre ensemble des communautés, de la promotion d’une gouvernance inclusive et participative et du renforcement de la résilience des populations face aux menaces terroristes.
L’objectif est de renforcer la résilience des communautés et la capacité des institutions à prévenir et gérer les conflits à travers des approches favorisant la paix et le renforcement des opportunités de développement durable.
Le projet Laafia Weltaré d'Interpeace aborde les traumatismes liés aux conflits et renforce la cohésion sociale par la SMSPS et le développement des moyens de subsistance auprès des personnes déplacées et des communautés d'accueil. Il vise également à intégrer une approche holistique de la consolidation de la paix, de la SMSPS et du développement des moyens de subsistance aux stratégies et initiatives des acteurs nationaux et internationaux travaillant auprès des communautés touchées par les crises sécuritaires et humanitaires. En 2024, Interpeace et ses partenaires ont soutenu 1096 personnes, dont 520 femmes et 418 jeunes, grâce à ce travail.
Depuis 2021, l’organisation, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), s'efforce de réduire les conflits fonciers et liés aux ressources en formant les institutions et les communautés locales à la médiation et à la résolution des conflits. Interpeace s'est associée à des agences gouvernementales pour intégrer la consolidation de la paix à la gouvernance de la sécurité dans les régions clés et améliorer la confiance entre les communautés et les forces de sécurité par le dialogue et des initiatives conjointes.
Depuis 2022, l’organisation et ses partenaires mettent en œuvre un programme transfrontalier visant à renforcer la cohésion sociale et le développement économique dans les régions des Hauts-Bassins au Burkina Faso et de Sikasso au Mali. Celui-ci soutient les infrastructures locales de consolidation de la paix afin de promouvoir l'accès des communautés aux activités génératrices de revenus et à la gestion des ressources naturelles. En 2024, Interpeace et ses partenaires ont mobilisé 5564 personnes – dont plus de la moitié étaient des jeunes et 2589 des femmes – pour participer à deux infrastructures locales visant à résoudre six conflits communautaires le long de la frontière. Ils ont soutenu 60 activités génératrices de revenus et deux dispositifs avec les acteurs locaux de la sécurité.