Les communautés Samburu-Turkana résidant dans la région sud du lac Turkana, au nord du Kenya, ont une histoire longue et tumultueuse de conflits persistants. Enracinée dans des conflits fonciers, une répartition inégale des ressources et des tensions entre éleveurs et propriétaires fonciers, la violence a eu des conséquences désastreuses pour les femmes. Celles-ci, qui font partie des Samburu et Turkana, ont dû vivre séparément en raison du conflit. En dehors de cette division, elles ont dû se débrouiller avec des ressources qui s'amenuisaient après les raids, parcourir de longues distances à la recherche de bois de chauffage et d'eau et gérer leurs ménages et leurs fermes en l'absence d'hommes.
Après 26 ans de séparation causée par le conflit, dans le cadre du programme Kenya facilité par la Commission nationale de cohésion et d'intégration (NCIC) et du programme de consolidation de la paix Interpeace Kenya, financé par le ministère fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne, les femmes ont eu l'occasion de dialoguer. Elles ont pu identifier comment elles ont contribué à la dynamique du conflit entre Samburu et Turkana, comment ce conflit les a affectés et quel est leur rôle dans la promotion et le maintien de la paix.
Au cours d'une période de deux jours, les discussions ont porté sur les chroniques de l'histoire du conflit de Samburu Nord, ses vastes ramifications, les changements transformateurs observés après la paix, le rôle clé de l'engagement des femmes et les voies qui pourraient conduire à une paix durable. De ces conversations ont émergé des idées exploitables. L’appel à l’engagement actif des femmes dans les processus de paix du comté de Samburu a trouvé un écho puissant. Les participants ont reconnu l’importance d’établir un cadre de coordination de la paix dirigé par les femmes, qui offrirait une approche structurée pour exploiter les perspectives et les capacités des femmes en matière de consolidation de la paix. Le rejet collectif des missions de vengeance entre communautés a souligné un engagement commun à briser le cycle de la violence.
L’atelier faisait partie d’un voyage transformateur qui a permis d’acquérir des connaissances approfondies. Il est devenu évident que le rôle des femmes ne se limite pas à contribuer aux conflits ; celles-ci sont également indispensables à leur résolution. L’inclusion des femmes dans les efforts de consolidation de la paix de Samburu est importante mais aussi très efficace.
S'exprimant lors de l'atelier, la responsable du programme Interpeace au Kenya, Ruth Nelima, a insisté auprès des femmes sur la nécessité de poursuivre les forums. « Aujourd'hui, nous avons partagé l'histoire douloureuse du conflit à Samburu. Nous ne devrions pas perdre cet élan de rassemblement pour partager des solutions aux problèmes qui touchent nos communautés. Nos voix sont cruciales pour construire une paix durable », a-t-elle dit.