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C’est une véritable approche pour aider les communautés de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) victimes des violences armées à se réconcilier. En appui aux efforts du gouvernement, les provinces de l’Ituri et le Grand Nord-Kivu disposent actuellement d’environ 50 acteurs engagés dans la médiation pour prévenir ou résoudre certains enjeux conflictuels. Parmi ceux-ci, figurent notamment les conflits fonciers, les conflits de pouvoirs coutumiers, les conflits de limites administratives ou encore les conflit liés à l’exploitations des ressources naturelles et l’activisme des groupes armés.

Dénommées Groupes consultatifs de médiation (GCM), deux structures d’animateurs de paix regroupent les membres des institutions publiques et de la société civile, y compris les associations des femmes et des jeunes. La première a été mise en place à Bunia en octobre 2022 et la seconde à Beni en janvier 2023, dans le cadre du projet soutien à la médiation et la résilience pour la paix financé par l’Union européenne.

L’initiative est menée par le Consortium piloté par les organisations Interpeace, Pole Institute, Action pour la paix et la concorde (APC) ainsi que le Centre de la coopération internationale de l’Université de New York. Ces plateformes servent pour les sessions de dialogue et la mise en place de plans d’actions favorisant ainsi la réconciliation intra- et intercommunautaire.

Lors de la mise en place du GCM dans le territoire de Beni en janvier dernier, le représentant du gouverneur de la province, Gédéon Kasereka, a salué le caractère inclusif de celui-ci avant d’insister sur sa pérennisation.

« Le Nord-Kivu voudrait avoir un groupe de travail qui soit légal parce que vous devez mettre quelque chose qui a une base légale. Légitime, parce que cela doit être constitué par des gens écoutés dans la société. Inclusif, parce que toutes les femmes, les hommes et les jeunes sont accrédités par les structures communautaires. Et durable, parce qu’il ne faut pas attacher ce groupe sur un projet », a-t-il fait savoir.

Ainsi dans le souci de rendre le GCM plus opérationnel, une réunion est tenue chaque fin du mois en vue de procéder à l’élaboration des différents plans d’actions avec des messages de cohabitation pacifique. « Ne laissons pas l’Ituri mourir et ceux qui y vivent. Nous avons déjà perdu beaucoup de ressources… Qu’est ce que les gens apprendront de nous…», a lancé le chargé de programme au sein d’Interpeace, Christian Vingazi, lors de la discussion de janvier dernier tenue à Bunia. Au cours de celle-ci, la coordinatrice de cette structure en Ituri, Angel Uvon, a appelé à l’engagement de ses membres. « L’objectif de notre groupe consultatif est de contribuer à l’amélioration de la confiance entre les communautés. Nous pensons que chacun de nous en tant que fils et fille de cette province a une mission. Et cette mission est d’apporter sa contribution pour l’édification de la paix dans cette province ».

Avant d’en arriver là, ce projet a accompagné ce groupe consultatif dans le processus de structuration interne et du renforcement des capacités de ses membres en transformation des conflits et en techniques de négociation et de médiation. Cette série de formations a été élargie aux autres acteurs de médiation en Ituri, dont les animateurs de l’administration foncière, les chefs coutumiers membres de la Commission consultative pour le règlement des conflits coutumiers (CCRCC), les déléguées des associations féminines et les représentants des structures de la jeunesse.

Pour le chef de secteur de Bahema sud, André Kataloho, l’implication du GCM est une nécessité pour la pérennisation des actions du projet. « Nous voudrions que ces activités soient continues afin de pérenniser les actions de la paix au sein de nos entités. Que ça soit dans la chefferie de Walendu Bindi ainsi que le secteur de Bahema sud. L’implication du GCM est nécessaire pour que les deux parties en conflit se mettent ensemble pour marcher vers une même direction ». Avec beaucoup d’attentes sur le rapprochement des différentes communautés, le GCM de l’Ituri est composé de 31 membres, dont six femmes, issus de cinq territoires, plus la ville de Bunia. Et celui de Beni regroupe 18 membres, dont une femme. Celui-ci a été a été orienté à la mise en place d’un mé-canisme d’interconnexion entre le Programme de démobilisation, réinsertion communautaire et stabili-sation (P-DDRCS), le CCRCC, le Comité provincial d’appui à la pacification (CPAP) et la société civile au niveau local et provincial.

 

« Dans notre commune, les gens ne vont plus au tribunal. Quand il y a des conflits, on fait appel aux chasseurs dozos pour les régler, ils sont très sollicités. Ils viennent sans chercher à comprendre (les problèmes) et ils ne connaissent même pas les procédures de gestion des conflits. Ils commettent beaucoup d'injustices car toutes les dénonciations ne sont pas toujours fondées ». -Jeune habitant de Niono

L'accès à la justice et la légitimité du secteur de la justice au Mali est une préoccupation des communautés depuis des décennies. Dans un pays où les mécanismes de justice formelle ont toujours fonctionné aux côtés des formes traditionnelles de justice, auxquelles les communautés ont fait davantage confiance, de nouveaux types d'acteurs proposent des alternatives aux mécanismes de justice formelle et traditionnelle.

L'affaiblissement de l'État, de sa couverture sécuritaire et de la fourniture des besoins sociaux de base est corrélé à l'émergence d'autres acteurs, enclins à mener leurs propres formes de justice et à défier l'autorité du système judiciaire formel. Ceux-ci contribuent à catalyser un cycle de violence et de vengeance, ainsi qu'une plus grande méfiance de la population envers les mécanismes formels de l'Etat.

Face à ces menaces, les Maliens ont besoin d'un soutien et d'un encadrement plus importants de la part du système judiciaire pour s'assurer que leurs droits sont respectés, pour contrer la montée des idéologies promues par les groupes armés, ainsi que pour garantir un traitement transparent et équitable. L'ampleur de ces défis appelle une réponse holistique qui dépasse le cadre strictement sécuritaire pour englober les aspects de gouvernance, de développement et de cohésion sociale qui sous-tendent le rapport des populations à la justice.

C'est dans ce contexte que l'Institut malien de recherche-action pour la paix (IMRAP), avec l'appui de son partenaire Interpeace, a réalisé un baromètre participatif pour mieux comprendre et analyser les perceptions des citoyens maliens sur les défis de l'accès à la justice, les causes de l'impunité et les solutions possibles pour y répondre de manière inclusive et durable.

Incompréhension, corruption et manque de ressources comme racines de la méfiance

Le baromètre participatif a recueilli les perceptions et les expériences de plus de 2000 personnes dans 6 cercles du centre du Mali : Mopti, Bandiagara, Djenne, San, Ségou et Niono. Les personnes interrogées comprenaient des membres de la communauté, des autorités traditionnelles et des acteurs de la justice, qui ont tous été représentés et impliqués dans la création des indicateurs, l'enquête et l'analyse des données.

Les résultats du baromètre ont montré qu'un obstacle majeur à l'accès de la population à la justice est causé par l'incompréhension et la méfiance à l'égard du système judiciaire. De nombreux participants ne connaissent pas les voies et les services auxquels ils ont accès. Ainsi, quatre personnes sur dix ont déclaré ne pas savoir où se trouve le tribunal le plus proche dans leur localité. En outre, l'utilisation du français comme langue principale dans les procédures de justice et les contextes juridiques, alors que près de la moitié des personnes interrogées ne sont pas allées à l'école ou ne comprennent pas bien la langue, a constitué un obstacle supplémentaire à l'accès à ces systèmes. Le manque de connaissance des règles et des procédures a également conduit à une incompréhension accrue, à la méfiance et même au rejet des décisions dans les systèmes de justice formels.

Dans une région fortement touchée par la pauvreté, les coûts des procédures judiciaires et les distances géographiques à parcourir dissuadent de nombreux citoyens d'engager des actions en justice. Les consultations ont montré que les coûts liés à une procédure, à l'assistance d'un avocat et d'huissiers, ainsi que les cautions exigées (en particulier dans les affaires civiles) rendent la justice financièrement inaccessible à une grande partie des communautés cibles. Ce constat génère de la frustration chez certains participants et alimente la perception d'une justice inégale et à deux vitesses.

Afin d'aider les justiciables à supporter les frais de procédure, l'Etat a adopté en 2001 une loi sur l'aide juridictionnelle pour faciliter l'accès des pauvres à la justice. Dans la pratique, cependant, les entretiens ont mis en évidence une application limitée de ces mesures, en raison du manque de ressources financières et de la difficulté à recruter des assistants juridiques capables d'apporter l'aide nécessaire aux personnes impliquées dans les procédures.

Par ailleurs, le baromètre montre également que les soupçons de corruption et d'ingérence remettent en cause la légitimité du système judiciaire formel. Plus de sept personnes interrogées sur dix déclarent que les riches et les pauvres ne sont pas traités de la même manière dans les procédures judiciaires et estiment que les personnes disposant de plus de ressources sont susceptibles d'obtenir des décisions plus favorables.

Les consultations ont également révélé l'insatisfaction d'une partie de la population face à la lenteur et à l'inachèvement des enquêtes judiciaires, qui favorisent l'impunité et découragent les gens de porter plainte. Près d'une personne sur deux interrogée par le baromètre déclare avoir peu ou pas confiance dans la résolution de ses problèmes par le système judiciaire formel.

Plusieurs magistrats ont également reconnu que des suspects échappent parfois à la justice parce que les procédures ne sont pas menées dans les délais prévus par la loi. Ils attribuent ce dysfonctionnement en grande partie au manque de moyens matériels et humains dont disposent les tribunaux et les services d'enquête.

« Nouveaux acteurs », instabilité et rôle des femmes et des autorités traditionnelles

Pour 60% des Maliens interrogés, l'insécurité est un facteur important de l'augmentation de l'impunité dans leur localité et trois personnes sur dix la citent comme le principal obstacle à l'application de la loi.

Pris pour cible par les groupes armés, de nombreux magistrats et personnels de justice se sont repliés à Mopti, Ségou et Bamako, laissant derrière eux des tribunaux au fonctionnement lent et des ressources insuffisantes pour répondre aux besoins et aux demandes de justice de la population. Dans une région où 72% des fonctionnaires interrogés ont déclaré craindre d'être agressés, kidnappés ou tués lors de leurs tournées quotidiennes, l'insécurité empêche également les unités d'investigation de se rendre sur le terrain pour enquêter sur les crimes.

Le retrait des fonctionnaires et des forces de défense et de sécurité visés par les violences a contribué ces dernières années à l'apparition de « nouveaux acteurs » de la sécurité et du règlement des conflits dans le Centre. Face au retrait progressif des services sociaux de base (sécurité, justice, éducation, santé, etc.) vers les capitales régionales, la population se tourne de plus en plus vers les autorités traditionnelles et les « nouveaux acteurs » tels que les chasseurs dozos, les groupes d'autodéfense armés et les groupes dits radicaux, selon les zones.

Face à la montée de l'insécurité et au nombre croissant de nouveaux acteurs, la recherche a également montré que les mécanismes traditionnels de règlement des conflits jouent un rôle clé en complément des systèmes de justice formels. Ceux-ci utilisent les coutumes, le dialogue et les textes religieux pour régler les conflits, apaiser les victimes et trouver des accords entre les différentes parties. Ils bénéficient d'une certaine confiance et légitimité auprès de leurs communautés, qui font appel à eux pour arbitrer les litiges et gérer les conflits familiaux, fonciers et de cohabitation. Sept personnes sur dix disent s'adresser d'abord au chef de village pour déposer une plainte ou obtenir des informations.

Les consultations ont révélé une forte demande de collaboration et de renforcement mutuel entre les tribunaux et les mécanismes traditionnels pour améliorer l'administration de la justice et lutter contre l'impunité. Les personnes interrogées reconnaissent les efforts existants mais expriment le besoin d'étendre et d'institutionnaliser une collaboration franche et structurée qui définit les compétences et les limites des deux systèmes. Cette meilleure complémentarité peut, selon eux, contribuer à désengorger les cours et tribunaux, et à une meilleure compréhension et reconnaissance du système formel par les autorités traditionnelles et la population.

Le baromètre a également mis en évidence les difficultés d'accès à la justice, notamment pour les femmes. Dans la région, les femmes ont généralement un niveau d'éducation, des moyens financiers et une autonomie plus faibles que les hommes en ce qui concerne les dépenses et les besoins liés aux procédures judiciaires. Il existe une forte pression socioculturelle pour normaliser certaines pratiques discriminatoires et violentes à l'encontre d’elles et pour les dissuader d'entamer ou de poursuivre des procédures judiciaires.

La peur d'être stigmatisées et rejetées par le conjoint ou la famille, le manque d'information sur les procédures, le manque d'argent, de soutien et de temps pour aller jusqu'au bout de l'action dissuadent donc de nombreuses femmes de recourir aux institutions pour se défendre et faire respecter leurs droits.

Renforcer davantage la confiance dans les systèmes judiciaires du Centre du Mali

Le processus de création et de recherche du baromètre participatif, qui a débuté en 2021, a déjà permis d'accroître la sensibilisation et de favoriser la confiance entre les communautés et les acteurs de la justice dans les 6 cercles.

Cependant, les obstacles mis en évidence par le baromètre appellent à de nouvelles actions afin de renforcer le système de justice dans la région. Les résultats de la recherche seront utilisés pour informer les interventions futures, l'engagement avec les acteurs de la justice formelle, ainsi que les autorités traditionnelles et les décideurs politiques dans la région.

« Le baromètre, à travers une évaluation de la perception de la population des régions de la ceinture moyenne sur les questions de justice, vise à établir une meilleure compréhension autour des défis, des réalités et des opportunités pour un système et un processus judiciaire amélioré », a déclaré Kadiatou Keita, représentante d'Interpeace au Mali. « Les recommandations issues de ce processus permettraient d'accroître la compréhension des systèmes judiciaires par la population, et de renforcer davantage les cadres de dialogue entre la population, les autorités traditionnelles et les acteurs judiciaires pour finalement combattre l'impunité et restaurer la confiance entre les différents acteurs. Cette confiance est cruciale pour restaurer une paix durable. »

Interpeace et l’IMRAP tiennent à remercier le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avec l’assistance financière du Fonds pour la consolidation de la paix du secrétaire général des Nations Unies (PBF), pour leur soutien indéfectible à cette initiative.

Accédez à tous les résultats du baromètre participatif ici : https://mali.elva.org/

Lire le rapport sur les principales conclusions et recommandations :

Au Rwanda, un pays qui a connu un immense traumatisme suite au génocide contre les Tutsi en 1994, les espaces de guérison communautaires offrent un environnement sûr et propice aux individus pour renforcer leur résilience mentale. Ces espaces contribuent à éztablirune culture de compréhension et d’acceptation, permettant aux gens de partager leurs histoires et de trouver du réconfort dans l’expérience collective de guérison. Evariste Buregeya, 49 ans, habitant du district de Bugesera, dans l'est du Rwanda, s'efforce, comme beaucoup d'autres, de surmonter le traumatisme qu'il a vécu en 1994.

Dans une famille de neuf personnes, seuls son jeune frère et sa sœur et lui ont survécu aux atrocités du génocide. C’était le catalyseur d’une vie de misère et de désespoir, le plongeant dans un profond état de traumatisme et de dépression. Il a perdu tout intérêt à étudier ou à travailler, car il n’avait aucun espoir pour l’avenir. À l’âge de 49 ans, il reste célibataire, hanté par la peur que le génocide ne se reproduise et que sa nouvelle famille ne soit massacrée.

Les problèmes de santé mentale restent un obstacle majeur à la résilience mentale, sociale et économique pour une partie considérable de la population rwandaise, ainsi qu'à la cohésion et à la réconciliation de la communauté, selon plusieurs études menées par les institutions gouvernementales rwandaises telles que le ministère de la Santé (RBC 2018) et l’ancienne Commission nationale pour l’unité et la réconciliation (Rwanda Reconciliation Baromoter- 2020), entre autres.

Evariste a repris espoir après avoir rejoint un espace de guérison thérapeutique axé sur la résilience établi par Interpeace à travers son partenaire, le Groupe des anciens étudiants et élèves rescapés du génocide (GAERG), dans le cadre de son programme sociétal de guérison des traumatismes au Rwanda, financé par l'Union européenne et le Gouvernement suédois par l’intermédiaire de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida). La thérapie axée sur la résilience est un traitement de groupe en plusieurs phases qui se concentre sur la régulation des émotions pour lutter contre l'anxiété ou la dépression, l'autogestion comportementale contre la toxicomanie ou l'agression et le développement de l'identité contre le vide chronique ou l'aliénation. Elle a été lancée au Rwanda en 2020 par Interpeace en étroite collaboration avec l'agence spécialisée du ministère de la santé, le Rwanda Biomedical Centre (RBC), pour offrir un soutien psychosocial aux personnes aux prises avec une détresse psychologique et renforcer leur résilience mentale. En rejoignant cet espace de guérison, Evariste a pu retrouver l’espoir et un sens renouvelé d’objectifs.

Après avoir fréquenté ce dispositif pendant trois mois avec neuf autres personnes de son quartier confrontées aux mêmes défis, Evariste a reconnu que la thérapie avait changé positivement sa vie.« Je ne me sens plus déprimé ; mes pensées suicidaires ont disparu et j'ai retrouvé mon sourire », raconte-t-il, ajoutant que « ma peur d'un potentiel génocide n'est plus. Mon projet est de me marier bientôt et de fonder une belle famille ».

Les dix membres du groupe qui ont fréquenté l'espace de guérison ont été identifiés lors d'un processus avant le début du dispositif, scientifique et rigoureux et mené par Interpeace et ses partenaires. Ceux-ci évaluent les besoins et le niveau de détresse des individus, avant de les affecter aux groupes d’intervention appropriés.

Animés par des psychologues bien formés, les espaces de guérison axés sur la résilience établissent un environnement propice permettant aux participants de partager leurs expériences traumatisantes, leurs histoires et leurs défis quotidiens, de se soutenir et de s'entraider dans le processus de guérison.

L’histoire d’Evariste n’est pas isolée. L'Enquête sur la santé mentale au Rwanda (RMHS) de 2018 menée par le Centre biomédical du Rwanda (RBC) a révélé que la prévalence de divers troubles mentaux au Rwanda est supérieure à la moyenne mondiale, en particulier parmi les survivants du génocide. Une mauvaise santé mentale a un effet néfaste sur leur bien-être social et économique.

L'Enquête sur la santé mentale a révélé que seulement 5 % des Rwandais souffrant de problèmes de santé mentale recherchent une aide médicale, en partie à cause de la stigmatisation culturelle associée à la thérapie individuelle et de la demande écrasante de services de santé mentale qui dépasse la capacité des professionnels disponibles.

La Dre Yvone Kayiteshonga, directrice de la division Santé mentale de RBC, apprécie l’impact de la thérapie axée sur la résilience pour relever les défis rencontrés. « Les approches communautaires et de groupe qu'Interpeace utilise pour améliorer le bien-être mental des individus sont adaptées aux réalités du contexte, compte tenu du grand nombre de Rwandais qui ont besoin d'un traitement », note-t-elle. Elles « sont prometteuses et ont montré que les personnes ayant subi un traumatisme peuvent guérir et retrouver confiance et espoir en un avenir meilleur ».

Le programme soutient les efforts du gouvernement visant à construire un système national de santé mentale décentralisé en renforçant les infrastructures, développant les capacités des professionnels locaux et établissant un réseau de coordination des services de santé mentale et de soutien psychosocial au niveau local. Il offre également des équipements tels que la clinique mobile de santé mentale qui permet aux professionnels d'accéder aux communautés éloignées et de donner des soins à domicile.

La production journalistique et les délits de presse en période électorale peuvent parfois contribuer à des conflits violents en République démocratique du Congo (RDC). Pour tenter de réduire ce problème, les professionnels des médias du Kasaï ont mis en place une plateforme pour la promotion de la paix sur toute l’étendue de la province. Ce nouveau mécanisme a été lancé le samedi 28 janvier au terme d’un atelier de deux jours, organisé à Tshikapa par l’ONG Action pour la paix et la concorde (APC) en partenariat avec Interpeace, sur la sensibilité aux conflits. Cette activité s’inscrit dans le cadre du projet de renforcement de la gouvernance inclusive de la paix en RDC, plus particulièrement dans la province du Kasaï, mis en œuvre depuis 2021 par ces deux institutions en collaboration avec le gouvernement provincial.

A l’ouverture de cet atelier, le ministre provincial des transports, Ditunga Beya, venu représenter le gouverneur, a invité les journalistes à faire un bon travail pour permettre à la population d’évaluer ses élus dans un climat de paix.

« Cet atelier est ainsi une occasion de solliciter de manière particulière les journalistes pour faire des productions journalistiques et les acteurs politiques qui occupent des espaces dans différentes chaines de radios locales de faciliter aux Congolais la possibilité d’évaluer leurs dirigeants politiques dans un climat de paix et de concorde », a-t-il déclaré.

Financé par l’Agence suédoise SIDAce projet cherche à ce que les autorités politiques, administratives et coutumières établies à Kamonia, Kamako, Kakenge et Tshikapa soient engagées dans le processus de résolution pacifique des conflits. Tout en posant de premiers jalons de mise en place des outils de la gouvernance de paix en RDC.

La ville de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï, créée par la Constitution de la RDC de 2006 et matérialisée en 2015 par démembrement des provinces, compte plus de quinze stations de radios communautaires appartenant à différents acteurs politiques nationaux, provinciaux et locaux. Ceux-ci sont pour la plupart aux antipodes, au lieu d’être juxtaposés, dans leurs adresses publiques et politiques. Ainsi, certains acteurs avaient décrié le rôle d’amplificateur des conflits violents et intercommunautaires que jouent ces radios locales parce que leurs informations radiodiffusées sont écoutées dans les recoins de la province.

Cette plateforme est chapeautée par Bethy Mukubayi, de la radio Voix de votre communauté (VVC), accompagnée de Célestin Kadiandanda de la radio Télé Entrinel au secrétariat et de Diaris Kindalo de la radio ondes du progrès qui s’occupera de suivi des professionnels des médias de cette plateforme dans les réseaux sociaux.

Cet atelier a constitué un motif de satisfaction pour les journalistes de la ville de Tshikapa qui le considèrent comme le premier du genre et qui tombe à point nommé. Ces personnes souhaitent que le dispositif soit étendu dans tous les territoires de la province du Kasaï et pourquoi pas sur tout le territoire national.