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Plusieurs dizaines des chefs des chefferies et secteurs de la province de l’Ituri se sont regroupés autour d’une table fin avril dernier dans la ville de Bunia. Cette rencontre a été prévue pour développer des stratégies de réduction des violences issues de l’activisme des groupes armés dans cette partie Est de la République démocratique du Congo (RDC). Pendant deux jours, des échanges sans tabou ont été menés sur le rôle de chacun pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat et le soutien au processus de paix dans la région. Si pour les uns la sécurité de l’Ituri doit venir de ses propres habitants pour d’autres, le moment est venu de mettre fin à l’hypocrisie et de se regarder en face pour une lutte commune.

La tâche est lourde, a reconnu sa Majesté ATINDA LOSSANI, Président du Conseil Consultatif des Chefs Coutumiers de l’Ituri (COCCI) lors de son discours. « Nous nous engageons donc à mettre en œuvre tout ce que nous avons appris durant ces deux jours au profit de la paix dans notre chère et unique province. Cependant, nous sollicitons l'appui de la hiérarchie politico- administrative, militaire, policière et judiciaire pour nous accompagner dans cette dure épreuve nécessitant les concours de tous », a-t-il souligné.

Cet appel a été soutenu par le directeur du cabinet de gouverneur militaire de l’Ituri. Pour lui, l'engagement de tous s’avère indispensable. « Nous tous nous devons nous engager pour la paix en Ituri et diffuser la paix. Diffuser cet espoir de paix pour que l'Ituri puisse retrouver la paix. Pona paix toko lemba te…, Ju ya amani hatuta choka…, pour la paix nous n’allons pas nous fatiguer … », a martelé Maître Unega Etienne.

Pour Interpeace, la paix est une priorité dans toutes les missions dévolues aux chefs coutumiers. « On règne sur la population que l’on gouverne pour que celle-ci vive en paix totale et dans une quiétude (...). Le travail de la paix, c'est un sacrifice pour les autres. Je nous invite donc à cet esprit-là de sacrifice, de service et d'abnégation pour les autres afin que nous puissions léguer un Ituri pacifié » a exhorté le chargé de programme au sein de l'organisation, Christian Vangazi.

Un message partagé par le coordonnateur provincial de la société civile/Forces vives de l'Ituri. Dieudonné Lossa invite chacun à faire une rétrospection objective, car selon lui, «sans la paix, on ne peut rien faire».

La poursuite des tueries qui font des victimes parmi les civils dans la région demeure un obstacle majeur. Ainsi, en rappelant la main tendue du Chef de l'État congolais Félix Tshisekedi Tshilombo, un message a été lancé aux groupes armés pour leur adhésion massive au processus de paix. « Nous lançons un vibrant appel à tous les groupes armés d'adhérer au programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) », ont insisté ces chefs coutumiers.

Ces assises ont réuni plus de 100 participants, parmi lesquels principalement les chefs des Chefferies et Secteurs des cinq territoires de l'Ituri avec la représentation de la société civile, les autorités provinciales, les administrateurs des territoires, le P-DDRCS, l'inspection provinciale de la territoriale, les Représentants des Associations culturelles, les Délégués des structures de la jeunesse, les Représentantes des Associations féminines, les ONGs membres du Consortium Médiation, Consortium cohésion sociale ainsi que d'autres acteurs-clés impliqués dans le processus de paix en Ituri. Cette discussion a eu lieu dans le cadre du projet « soutien à la médiation pour la résilience et la paix en Ituri et au Grand Nord-Kivu ». Celui-ci est mis en œuvre par le Consortium médiation composé des ONGs Interpeace, Pole Institute, Action pour la paix et la concorde (APC) et de l’Université de New-York (NYU). Pour montrer leur volonté de résultats concrets, ces chefs coutumiers ont signé un acte d’engagement et un communiqué conjoint à la clôture de ce dialogue. Celui-ci a été initié par la société civile en collaboration avec le gouvernement provincial à travers le soutien technique de l’organisation internationale de consolidation de la paix Interpeace, sous le financement de l’Union européenne.

Une ambiance inhabituelle a régné dans la soirée du mardi 28 mars au chef-lieu du territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri. Devant plusieurs autorités politico-administratives et militaires ainsi que les représentants des différentes couches de la population, une forte délégation de six factions des groupes armés Maï-Maï décide de mettre fin aux hostilités et d’intégrer le Programme de désarmement, démobilisation et réinsertions communautaires et stabilisation (P-DDRCS).

Cette avancée est ressortie de deux journées de consultation menées dans cette région par la coordination provinciale du P-DDRCS avec l’appui du Consortium médiation, financé par l’Union européenne.

A la signature de cet acte d’engagement, ces groupes armés de la chefferie des Babila Babombi ont souligné avoir été motivés par l’appel du gouvernement congolais, dans le souci de restaurer la paix et en vue de mettre fin aux multiples exactions dont sont victimes les populations civiles.

« Nous avons saisi l'opportunité accordée par le chef de l'État lançant l'appel à la démobilisation. Nous nous engageons à rejoindre le programme P-DDRCS et le gouvernement congolais sans condition » a souligné le porte-parole de la délégation lors de son discours.

Cette décision a été prise « sur l'invitation de la coordination provinciale de P-DDRCS à cette consultation ». « Nous sommes des groupes armés qui agissent uniquement pour l’autodéfense. Nous voulons que la paix revienne au sein de notre communauté », a ajouté le porte-parole.

Un processus qui lance l’engagement des acteurs

Pour le coordonnateur provincial du P-DDRCS/Ituri, Willy Abibo Sebo Maese, cet acte d'engagement marque également l'intégration de ces groupes armés dans son programme et ceux-ci seront désormais pris en charge par le gouvernement.

Présent à cette cérémonie, le représentant de la 32é brigade de défense principale des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), le colonel Mwimba David a rassuré les signataires et leur a promis l'accompagnement sans faille de l'armée tout au long de ce processus. Quant à lui, l’administrateur du territoire de Mambasa, le commissaire supérieur principal Matadi Muyampandi Jean-Baptiste a appelé toutes les parties prenantes à s'unir comme un seul homme autour de ce processus pour assurer la paix durable au sein de la communauté.

Issus de six factions, ces groupes armés Mai-Mai, ont formulé plusieurs recommandations. Celles-ci portent entre autres sur l’emploi des jeunes et sur la libération et la prise en charge de leurs collègues prisonniers. La restauration de l'autorité de l'Etat dans leurs entités envahies par les Forces démocratiques et alliés (ADF) ou encore la construction du site de désarmement et de démobilisation à Mambasa figurent également parmi leurs souhaits. En outre, ils suggèrent la suspension des activités des exploitants miniers qui créent, selon eux, des conflits au sein de la communauté.

 

Des structures citoyennes satisfaites

La société civile locale, le Parlement des jeunes, le Conseil territorial de la jeunesse et les membres de la communauté locale se sont réjouies tout en appelant ces groupes armés au respect de cet acte d’engagement.

Marie-Noëlle Anotane est la coordinatrice ad intérim de la société civile forces vives en territoire de Mambasa. Elle appelle les autres groupes armés à emboîter le pas à ces entités Maï-Maï pour construire une paix durable. Un point de vue partagé par le responsable du Parlement des jeunes de Mambasa. « Je me félicite de ce courage qu'ont eu ces jeunes pour accepter de quitter la brousse. J'invite les autres jeunes soit de faire de même soit d'intégrer légalement l'armée », a lancé Sulemani Onokoko.

Pendant les deux jours des consultations afin d’aboutir à cette signature, une cinquantaine de participants ont profité de l’occasion pour avoir des explications suffisantes sur la stratégie nationale du P-DDRCS. Ce programme bénéficie du soutien technique du consortium composé de l’ONG Interpeace, de l’Action pour la paix et la concorde (APC), de Pole Institute et de l’Université de New-York, dans le cadre du projet « soutien à la médiation pour la résilience et la paix en Ituri et au Grand Nord-Kivu ».

Le comté de Wajir, au Kenya, est en proie à des conflits depuis des années, dont les principales causes sont la rareté des ressources, le clanisme et l'instabilité politique. Selon la Commission nationale de cohésion et d'intégration (NCIC), il fait partie des dix comtés où les taux de conflits sont les plus élevés dans le pays, la plupart étant intercommunautaires.

En 2020, le Forum des acteurs de paix du comté de Wajir (WCPAF) a été établi dans le but de résoudre la question du conflit dans la région. Il a réuni un groupe diversifié de parties prenantes, notamment des organisations de la société civile, des organisations confessionnelles, des organisations communautaires, des chefs traditionnels, des médias locaux, ainsi que des gouvernements nationaux et de comté. Les efforts de collaboration de celles-ci visaient à gérer efficacement les conflits dans la région. Malheureusement, le potentiel du forum a été entravé par l’insuffisance du financement et le manque de présence physique à Wajir. En conséquence, les mécanismes de coordination se sont détériorés, entravant ainsi l’efficacité du forum dans la gestion des préoccupations conflictuelles dominantes.

Le lancement du WCPAF a été alimenté par le succès du Forum des acteurs de la paix du comté de Mandera (MCPAF), qui a rationalisé les efforts de consolidation de la paix dans la région. En réduisant la concurrence et la duplication, celui-ci a amélioré la synergie programmatique et a finalement contribué à des engagements établis sur la confiance, des programmes de consolidation de la paix durables et une meilleure appropriation communautaire.

Interpeace, le Trust du Réseau pour la paix, la cohésion et le patrimoine (NEPCOH) et la Commission nationale de cohésion et d'intégration (NCIC) ont récemment collaboré pour relancer le Forum des acteurs de la paix à Wajir, visant à résoudre les conflits existants et émergents dans le comté. Dans le cadre du programme de consolidation de la paix en cours soutenu par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, une série de discussions ont eu lieu pour élaborer des plans pour des réunions de coordination mensuelles en 2023. Au cours de celles-ci, les parties prenantes ont développé un cadre de collaboration et de coordination de toutes les initiatives de paix à Wajir.

Lors de la réunion de reprise, les acteurs de la paix ont discuté des conflits émergents et existants dans le pays, analysé divers facteurs de conflit et fait le point sur les interventions en cours. Ils ont également établi de futurs domaines de collaboration et de synergies programmatiques. Un point clé de l’ordre du jour mis en avant pour une collaboration future était l’adoption et la mise en œuvre de la politique et du projet de loi du Conseil de développement des comtés frontaliers (FCDC) en matière de consolidation de la paix et de gestion des conflits. Cette politique et cette loi de paix rationaliseront les infrastructures de paix dans les comtés de cette entité, institutionnaliseront la direction/les départements de paix des comtés et aideront à allouer des fonds pour les initiatives de consolidation de la paix.

Un secrétariat et une équipe technique ont été établis pour gérer et faire fonctionner le Forum des acteurs de la paix. Ceux-ci ont développé un cadre de collaboration et des lignes directrices éthiques pour guider leurs efforts de consolidation de la paix. L'une des réalisations les plus remarquables du forum est l'effort collectif déployé par les acteurs de la paix pour garantir que l'actuel exécutif du comté de Wajir ratifie la politique et le projet de loi de paix, qui sont actuellement discutés à l'Assemblée du comté de Wajir pour adoption. Pour accélérer le processus, le programme a sollicité le soutien du Forum sectoriel du FCDC pour la paix et la cohésion et du Département de Wajir pour la cohésion.

Le Forum des acteurs de la paix est une plateforme essentielle pour coordonner, collaborer et compléter les efforts de consolidation de la paix. Son importance ne peut être surestimée. Avec la promulgation du projet de loi sur la paix, le forum sera institutionnalisé et doté d'un cadre juridique.

« La relance du WCPAF permettra la coordination, la coopération et le renforcement des synergies entre les différents acteurs de la paix dans le pays. Le forum contribuera grandement à améliorer le partage d'informations en temps opportun, ainsi qu'à mobiliser des ressources pour une réponse efficace, notamment en cas d'urgence », a déclaré le directeur adjoint de la paix et de la sécurité dans le comté de Wajir, Adan Abdi Ahmed.

Parlant de la renaissance du Forum des acteurs de paix de Wajir, Hassan Ismail, représentant d'Interpeace au Kenya, a indiqué comment son succès, ainsi que celui du Forum des acteurs de paix du comté de Mandera, établit une opportunité unique pour le programme du Kenya de lancer des feuilles de route pour d'autres pays. « Les comtés restants du FCDC et les trois comtés non-FCDC de Baringo, Elgeyo-Marakwet et Laikipia seront formés pour établir et opérationnaliser les forums d'acteurs de paix des comtés lors d'une réunion d'intégration organisée par le FCDC et facilitée par Interpeace », a-t-il déclaré.

« À la fin de la formation, une feuille de route sera élaborée pour déployer les Forums des acteurs de la paix et accélérer la promulgation de la politique et du projet de loi de paix dans tous les comtés du FCDC et des trois pays non-FCDC. Cela garantira que les efforts de consolidation de la paix soient coordonnés, efficaces et durables dans toutes les régions ».

Genève (15 avril 2023) Le vice-président et directeur opérationnel d’Interpeace Simon Gimson assure dès ce lundi 17 avril 2023 l’intérim à la tête de l’organisation internationale de consolidation de la paix jusqu’à ce que celle-ci accueille son nouveau président ou sa nouvelle présidente plus tard cette année.

Un processus ouvert de recrutement a été lancé par le Conseil d’administration pour identifier le/la meilleur(e) chef(fe) pour remplacer Scott Weber.

Simon Gimson avait été nommé en octobre 2018 dans ses fonctions au sein d’Interpeace, après avoir rempli les mêmes pour l’International Crisis Group. Il a œuvré dans la diplomatie multilatérale, la consolidation de la paix et la gestion organisationnelle tout au long de sa carrière, notamment au secrétariat du Commonwealth. Auparavant, il avait été diplomate néo-zélandais en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en France et au Royaume-Uni.

“C’est un honneur pour moi de faire le lien entre les leadership et impacts durables sur la consolidation de la paix de Scott Weber et ceux que nous anticipons de la part du ou de la prochain (e) président(e). C’est une période importante pour Interpeace, alors que nous approchons de l’année de notre 30th anniversaire, prévu en 2024”, affirme M. Gimson. “Nos équipes vont continuer d’innover et de répondre avec énergie aux nouveaux défis de consolidation de la paix, de contribuer aux résultats de notre stratégie de cinq ans et de justifier la confiance investie en nous par les communautés auprès desquelles nous sommes actifs et par nos généreux soutiens financiers”.

“L’engagement sans faille et remarquable de Scott Weber pour Interpeace durant les 23 dernières années a fait passer l’organisation d’une start-up au projet innovant des Nations Unies à une institution internationale significative qui contribue à des changements positifs pour les communautés et pour le système international”, affirme le président du Conseil d’administration, Amre Moussa. “Avec le soutien de Simon Gimson, je suis confiant qu’Interpeace continuera à poursuivre sa mission pendant la période intérimaire”.

M. Gimson travaillera étroitement avec le Conseil d’administration et, une fois identifié(e), avec le ou la prochain(e) président(e).

Contact : Luvini Ranasinghe, directrice de la communication d’Interpeace, ranasinghe@interpeace.org and +41 794756495.

 

Il y a eu une augmentation des vols de bétail, des meurtres et des crimes violents dans la région du Rift Nord. En réponse, le gouvernement a mis en œuvre une opération policière musclée et un couvre-feu du crépuscule à l'aube conjointement avec les Forces de défense du Kenya (KDF), à compter du 14 février 2022. Ces mesures, qui ciblent certaines parties de Turkana, Samburu, Baringo, Elgeyo Marakwet, West Pokot et Laikipia, visent à rétablir un niveau de sécurité et de stabilité.

Le couvre-feu peut contribuer à rétablir un sentiment de normalité pendant quelques mois et même à faciliter la récupération des armes à feu illégales, mais la situation dans la région du Rift Nord nécessite une approche plus globale et stratégique impliquant toutes les parties prenantes. En effet, les incidents de violence se sont multipliés depuis la mise en place de l’opération de sécurité. La Commission nationale de cohésion et d'intégration (NCIC)/Programme de consolidation de la paix d'Interpeace Kenya facilite les dialogues de paix communautaires dans les comtés de Baringo, Samburu, Turkana, Elgeyo Marakwet et West Pokot, dans la région du Rift Nord, depuis 2019. Cette approche a abouti à plusieurs accords de paix entre communautés ayant des griefs de longue date – provoquant des périodes de paix et de stabilité relatives dans certaines parties du Rift Nord qui ont vu la réouverture des écoles et des routes, ainsi que des interactions accrues entre les groupes. Même si la montée actuelle de la violence prend principalement la forme de raids sur le bétail commercialisé et de (contre-)attaques entre les groupes armés et le gouvernement, elle a miné ces acquis de la paix et risque de faire dérailler davantage les processus de paix entre les communautés.

Les causes sous-jacentes de l’insécurité dans le Rift Nord sont multiples et interconnectées, enracinées dans une longue histoire de marginalisation et de violence qui a engendré une méfiance profondément ancrée à l’égard du gouvernement et la conviction que les communautés doivent assumer la responsabilité de leur propre sécurité. Ce manque de confiance se reflète également dans les relations entre communautés, caractérisées depuis longtemps par des affrontements violents. Les attaques de vengeance sont souvent liées aux vols de bétail, qui sont passés d'une pratique culturelle à une activité essentiellement commerciale. Les jeunes sont particulièrement vulnérables à ces raids en raison du manque d’opportunités économiques. Le changement climatique exacerbe encore cette dynamique, car il réduit la viabilité des moyens de subsistance et des modes de vie pastoraux et peut déclencher des affrontements violents alors que les communautés aux griefs profondément enracinés se disputent des points d’eau et des zones de pâturage de plus en plus rares. Cette situation est encore exacerbée par la prolifération des armes légères et de petit calibre, qui sont facilement accessibles en raison de la porosité des frontières et des années de conflit armé dans les pays voisins.

Le représentant national du Kenya du programme de consolidation de la paix d'Interpeace offre des informations et des recommandations inestimables pour aider toutes les parties prenantes travaillant avec le gouvernement à résoudre le conflit dans le Rift Nord. 

Compte tenu des nombreux défis, il est peu probable que l’approche de sécurité stricte annoncée par les autorités soit couronnée de succès à long terme. Même s’ils peuvent apporter une stabilisation temporaire, les exercices de désarmement seront voués à l’échec si les motivations sous-jacentes à la possession d’armes, telles que la sécurité et les moyens de subsistance des communautés, ne sont pas prises en compte. Un recours excessif à la force pourrait exacerber davantage les causes sous-jacentes du conflit et renforcer le ressentiment à l’égard du gouvernement. Par conséquent, l’opération de sécurité doit donner la priorité à l’établissement de la confiance avec les communautés et à une réponse efficace aux informations d’alerte précoce. En outre, ces efforts devraient faire partie d'une approche globale mise en œuvre par le biais de partenariats trans-silos et axée sur le développement économique du Rift Nord, la réduction de la vulnérabilité des communautés au changement climatique et l'approfondissement des processus de confiance et de paix entre les deux communautés.

Le gouvernement provincial du Kasaï est désormais engagé à accompagner les commissions consultatives de règlement des conflits coutumiers (CCRCC). Cette décision a été prise début mars dernier lors d’un atelier organisé à Tshikapa, chef-lieu de cette province située à l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Ce dernier a regroupé une quarantaine de participants, parmi lesquels les chefs coutumiers et quelques leaders des communautés venus de tous les territoires de cette partie du pays.

L’initiative est pilotée par les ONG Action pour la paix et la concorde (APC) et Interpeace en collaboration avec les autorités provinciales. Elle est menée dans le cadre de la mise en œuvre du projet de renforcement de la gouvernance inclusive de la paix en RDC, financé par l’Agence suédoise de développement et coopération internationale SIDA.

L’objectif était d’actualiser équitablement la liste des membres de la CCRCC dans les territoires de Mweka, Tshikapa et dans les groupements incorporés à la ville. La réunion a aussi permis d’aboutir à la mise en place du comité provincial et de définir des stratégies susceptibles d’influencer son opérationnalisation dans toutes les entités concernées.Il s’agissait en outre de faire une analyse sur les forces et faiblesses des CCRCC et identifier des activités prioritaires.

Parmi ces activités, les participants ont proposé la redynamisation et l’installation des comités CCRCC dans tous les secteurs et chefferies et dans la ville de Tshikapa avec l’appui technique et financier de l’APC et d’Interpeace. Le renforcement des capacités de ses membres en droit coutumier, techniques de résolutions des conflits, droit foncier et sécurisation des terres rurales figurent parmi les priorités. Il faudra aussi vulgariser l’arrêté ministériel portant création des CCRCC et d’autres instruments juridiques qui lui sont connexes à travers les médias et réunions populaires.

Au cours de cet atelier, les participants ont également fait une cartographie des conflits coutumiers récurrents qui sévissent dans tous les cinq territoires du Kasaï. La province figurant parmi celles de la RDC où les conflits coutumiers sont violents et sanglants et même parfois sujets à l’embrasement de cette partie du pays, les CCRCC ont un rôle capital dans la consolidation de la paix. Dans un communiqué final de l’atelier, les chefs coutumiers et le gouvernement se sont engagés à les redynamiser pour réduire les conflits coutumiers.A la clôture de la rencontre , le vice-gouverneur de la province, Gaston Nkole Tshimaunga a confirmé l’appui et l’accompagnement du gouvernement provincial dans la matérialisation de toutes les activités proposées.

Pour rappel, c’est en 2017 que le gouvernement congolais par l’entremise du Ministère des affaires intérieures, de la sécurité et des affaires coutumières avait mis sur pied la Commission consultative de règlement des conflits coutumiers. Cependant, quelques faiblesses n’ont pas permis son effectivité dans le Kasaï Parmi elles se trouvent la résistance de certains chefs coutumiers aux décisions prises par ces comités ou encore l’ingérence politique dans le fonctionnement de ceux-ci.