Intégration de la santé mentale et du soutien psychosocial (SMSPS) dans les efforts de consolidation de la paix et la justice transitionnelle dans les régions somaliennes

L'intégration de la SMSPS dans les efforts de consolidation de la paix et de justice transitionnelle en Somalie est cruciale pour une paix durable et le développement humain. Dans les régions touchées par des conflits comme la Somalie, les traumatismes, la dépression, l'anxiété et d'autres troubles de santé mentale ont un impact significatif sur le bien-être des personnes. D'après une étude menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un Somalien sur trois connaît des problèmes de santé mentale. De plus, le taux de suicide chez les hommes en Somalie s'élève à 11,5 pour 100 000 personnes, ce qui dépasse la moyenne mondiale.

Malheureusement, la disponibilité des services de santé mentale reste limitée, seul un petit nombre d'établissements de santé fournissant un tel soutien. Dans un pays de 15 millions d'habitants, il n'y a que trois psychiatres et 22 infirmiers qualifiés spécialisés dans les soins de santé mentale en raison d'un manque de fonds et de formation professionnelle. Le Somaliland a publié une politique de santé mentale pour 2021 afin d'améliorer les prestations, y compris le soutien communautaire, la formation, la recherche et la législation. Cependant, en raison des limites de financement dans les règlements d'application, l'adoption de la politique reste en suspens. En intégrant les programmes SMSPS, une réponse peut être efficacement apportée aux divers besoins des individus touchés par les conflits et les déplacements.

 

Le programme mené par Interpeace pour la "Cohésion sociale et gouvernance légitime par la justice transitionnelle (Miisaan)", constitué d'un consortium de partenaires divers, se concentre sur un processus de justice transitionnelle et de réconciliation à l’appropriation locale dans le contexte somalien. Le consortium reconnaît l'impact des conflits sur la santé mentale et souligne la nécessité d'intégrer la SMSPS dans les mécanismes post-conflit. Pour favoriser le dialogue et l'engagement, des tables rondes et des dialogues intergénérationnels ont été organisés à Galkayo, Erigaabo, Hargesia et Mogadiscio, impliquant des dirigeants communautaires, des responsables gouvernementaux, des organisations de la société civile, des anciens traditionnels, des jeunes et des femmes. Les discussions avec divers intervenants ont mis au jour des problèmes qui nécessitent une attention urgente pour s'attaquer aux problèmes de santé mentale. Les discussions ont permis au programme de mieux comprendre comment reconstruire les établissements de santé mentale. Pour relever ces défis, il a été convenu qu'il est crucial de donner la priorité à la collaboration entre le gouvernement et les parties prenantes pour allouer des ressources à ceux-ci et aux services de santé mentale, donner la priorité aux droits de l'homme et assurer la formation des médecins et des prestataires de services ainsi que des praticiens de la consolidation de la paix. Par ailleurs, les discussions ont exploré les pratiques traditionnelles et religieuses en tant que mécanismes d'adaptation pour les personnes touchées par la violence et les conflits.

Les discussions ont mis en évidence divers problèmes récurrents, notamment les meurtres par vengeance, les conflits fonciers, le vol de chameaux, les assassinats terroristes ciblés et les conflits administratifs, qui affectent les communautés. Les intervenants gouvernementaux qui ont participé aux discussions ont souligné la pertinence de l’approche SMSPS pour aborder les problèmes de santé mentale et tirer des leçons d'autres contextes qui ont connu des expériences de résolution communautaire.

En conséquence, une feuille de route pour l'intégration de l’approche SMSPS sera établie, en s'alignant sur les politiques, stratégies et ressources nationales. Elle visera à promouvoir le consensus et l'engagement des parties prenantes pour répondre aux besoins de santé mentale et psychosociaux dans les situations post-conflit et parvenir à une paix et une réconciliation durables. Le programme Miisaan affirme que l'intégration des structures SMSPS dans les mécanismes de justice et de réconciliation post-conflit est essentielle, étant donné l'impact négatif du conflit sur la santé mentale et de son entrave au fonctionnement pacifique des sociétés. Cette intégration contribuera à renforcer la sensibilisation, le plaidoyer et l'élaboration de politiques pour établir un avenir meilleur et des relations plus solides entre l'État et la société.

 

Mediation Learning Report – Video

 

The mediation experiences of National Cohesion and Integration Commission (NCIC) and Interpeace in Mandera Country and the North Rift Region of Kenya have been documented in a research paper  that explores the processes and interventions that resulted in two ceasefire agreements in Kenya’s Mandera County and the Suguta Valley in the North Rift Region. In this video, Interpeace’s Kenya Country Representative, Hassan Ismail, provides a breakdown of the factors that substantially reduced violence between communities.

Le dialogue intracommunautaire de Degodia ouvre la voie à l'unité transfrontalière entre le Kenya et l'Éthiopie

Alors que les chauds rayons du soleil illuminaient le paysage aride de Rhamu, dans le comté de Mandera, le matin du 11 mars 2023, un sentiment palpable d'anticipation remplissait l'air. La communauté Degodia au Kenya se préparait pour une réunion historique qui réunirait leurs proches de l'autre côté de la frontière en Éthiopie pour aborder les meurtres sporadiques en cours qui avaient tourmenté le comté, souvent attribués à des conflits transfrontaliers débordant sur le Kenya. L'année dernière, le sous-comté de Banisa à Mandera a connu des conflits depuis les frontières des zones éthiopiennes de Dawa et de Liban, qui abritent respectivement les communautés Garre et Degodia. Les meurtres sporadiques menaçaient la paix fragile qui avait été laborieusement obtenue à Banisa depuis 2018.

Interpeace, à travers le programme au Kenya et en collaboration avec le gouvernement du comté de Mandera, a réuni pour la première fois des anciens de la communauté Degodia et des représentants du roi du clan Degodia, Wabar Abdille. Parmi les participants figuraient les membres du cabinet de celui-ci, le sous-gouverneur du comté de Mandera, des membres élus de l'Assemblée du comté et des hauts fonctionnaires du gouvernement du comté. Leur objectif commun était d'établir une approche transfrontalière inclusive pour faire face aux déclencheurs de conflit et à la discorde dans le sous-comté de Banisa, en favorisant la coopération et la confiance entre les communautés transfrontalières.

Tout au long de la réunion, les participants ont engagé des discussions sur des questions critiques. Ils ont souligné la nécessité de briser le cycle des représailles, de renforcer la confiance dans les agences de sécurité et de garantir le respect des accords antérieurs tels que la déclaration de Banisa. De même, les anciens ont souligné l'importance de revoir celle-ci et ont proposé de réviser le document pour établir un accord transfrontalier plus contraignant et plus complet qui implique les habitants de Banisa et Malkamari au Kenya et la zone transfrontalière Dawa et Liban de l’Ethiopie.

Par ailleurs, les anciens éthiopiens ont révélé que des pourparlers avec leurs homologues de Garre avaient déjà commencé du côté éthiopien, signalant des développements prometteurs dans les efforts de consolidation de la paix pour répondre aux problèmes sous-jacents du côté éthiopien.

"Nous avons pris la responsabilité de résoudre à l'amiable les problèmes entre les clans Garre et Degodia dans les zones Liban et Dawa et nous promettons qu'il n'y aura plus de retombées désormais ou moins", a déclaré le conseiller de Wabar Abdille, Cheikh Omar.

Vers la fin de la réunion, une étape importante a été franchie. Pour la première fois, les sages ont signé un accord transfrontalier intracommunautaire entre Degodia du Kenya et d'Ethiopie. Celui-ci prévoit des mesures concrètes, notamment le renforcement des efforts pour résoudre les conflits dans le district éthiopien de Moubarak et la collaboration avec les administrations des zones Liban et Dawa. Par ailleurs, la réunion a ouvert la voie à de futures rencontres entre Wabar Abdille et Sultan Mohamed, chefs traditionnels des clans Degodia et Garre, respectivement, pour établir des collaborations transfrontalières efficaces en matière de consolidation de la paix.

Remerciant la délégation qui a assisté à la réunion, le représentant national d'Interpeace au Kenya, Hassan Ismail, a appelé les dirigeants à aider à pacifier la région transfrontalière.

« Nous reconnaissons que nous ne pouvons pas maintenir une paix éternelle en travaillant uniquement du côté kenyan. Nous discuterons avec nos partenaires de développement, en particulier le Ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, pour qu’ils nous soutiennent également dans la réalisation d'un travail similaire à Dawa et dans la zone Liban en Éthiopie. De cette façon, la résilience locale pour la paix peut être garantie et soutenue », a-t-il dit.

L'importance d'associer la communauté transfrontalière à travers une telle réunion inclusive ne peut être surestimée. Les efforts précédents de consolidation de la paix s'étaient concentrés uniquement sur le Kenya, négligeant la situation en Éthiopie. Le moment de cette réunion était crucial, car le sous-comté de Banisa avait connu une recrudescence des conflits transfrontaliers et des attaques de représailles entre novembre 2022 et février 2023. Le rassemblement a insufflé l'espoir d'un avenir meilleur qui mettrait fin aux conflits, favoriserait le partage des ressources et renforcerait la collaboration entre les communautés Garre et Degodia au Kenya et en Éthiopie.

« Cette rencontre nous a permis de réaliser ce que nous n'avions pas pu faire au cours de la dernière décennie ; ce sera le début d'un engagement de consolidation de la paix à long terme avec nos proches d'Éthiopie », a souligné le président du comité de paix du district, dans le sous-comté de Mandera Nord, Haji Bare Hassan.

La réunion de dialogue intracommunautaire s'est conclue sur un sentiment d'unité et d'optimisme, ouvrant la voie aux futurs dialogues prévus pour cette année. Avec le soutien du Ministère fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne, le mécanisme réunira pour la première fois des membres des communautés Degodia et Garre du Kenya et d'Éthiopie afin d'établir un accord transfrontalier durable et contraignant qui amènerait les deux communautés à une résolution uniforme, contrairement à la précédente déclaration de Banisa qui portait seulement sur le Kenya.

Kasaï : promouvoir le leadership politique des femmes et des jeunes pour une paix durable

« Dans la politique, il n’y a pas de cadeau. Les femmes doivent commencer par mener un activisme politique dans les partis politiques. Aussi dans leurs quartiers et villages pour qu’au moment de la répartition des postes, elles soient proposées ». Cette déclaration d’un élu de la province du Kasaï, Castro Kambulu, montre le défi auquel l’intégration du genre et le leadership féminin font face pour la promotion de la femme. Il l’a dit au sortir d’un dialogue politique organisé dans la ville de Tshikapa au mois de mai par l’ONG Action pour la paix et la concorde (APC) en partenariat avec Interpeace dans une collaboration avec le gouvernement provincial. Cette réunion a eu lieu dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Renforcer le leadership des femmes et filles pour la consolidation de la paix au Kasaï et Kasaï central », en République démocratique du Congo (RDC), financé par le Fonds de consolidation de la paix du secrétariat général des Nations unies (PBF).

Animé essentiellement par les femmes, ce dialogue a été une opportunité pour les 65 participants, dont 27 femmes, de se faire un plan d’action avant la tenue des élections prévues à la fin de cette année. Parmi les activités à réaliser figure entre autres la campagne de vulgarisation des textes garantissant les droits des femmes et jeunes filles. Il sera également question de faire un plaidoyer auprès des détenteurs du pouvoir politique pour le respect de la parité lors de nominations dans les postes de prise de décision. Une approche similaire auprès des autorités coutumières en vue de se départir des pratiques avilissantes qui bloquent l’émergence de la femme sur le plan politique fait aussi partie des actions à mener.

Pour la coordonnatrice de la fondation Binadamu en action, les dirigeants et les députés doivent s’approprier cette lutte au niveau de la province en votant des édits qui font la promotion des droits des femmes. Cependant, celles-ci devraient militer pour leurs propres destins, a souligné la ministre provinciale des transports et travaux publics. Marie Kinda Kumambange fustige l’esprit d’attentisme et de victimisation de certaines femmes. Elle veut que ces personnes soient des combattantes et qu’elles cessent de se plaindre.

Pendant ce dialogue, un rappel sur les instruments juridiques pour la promotion des droits des femmes et filles a fait l’objet des discussions. Il s’agit des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité de l’ONU, de quelques dispositions du code de la famille et de la loi sur la parité. La Constitution de la RDC, le code du travail et les violences basées sur le genre sont autant d’autres instruments passés en revue. Des travaux en groupe ont permis l’élaboration d’une feuille de route. Celle-ci définit des pistes de solutions pratiques susceptibles de plébisciter les actions politiques à mener par les femmes et filles au sein de la sphère politique tant provinciale que nationale. Parmi les acteurs lors de ce dialogue, il faut ajouter quelques députés provinciaux, les membres du gouvernent provincial du Kasaï, des représentants des agences du système des Nations Unies et des acteurs sociaux. La réunion a pu s’appuyer sur l’implication des organisations internationales, de certaines autorités traditionnelles et des délégués des organisations de la société civile.

Plus un paria

 

La famille de Diogène Uwimana était sur le point de se séparer en raison de son rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Après sa libération, il a été confronté au rejet et aux mauvais traitements de la part de sa femme et de ses enfants, qui n'étaient pas prêts à vivre avec un génocidaire. Les bonnes relations et la confiance ont été rétablies après que le couple et leurs enfants ont fréquenté un espace de guérison multifamilial communautaire lancé par Interpeace dans le district de Bugesera, à l'est du Rwanda, dans le cadre de son programme de guérison sociétale.

L'histoire d'un nouvel espoir de Mukaremera

 

Mukaremera Françoise est une survivante du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Pendant plus de 28 ans, elle a souffert d'une dépression majeure, qui a conduit à la somatisation et à l'isolement social en raison des atrocités qu'elle a vécues. Elle a pu guérir après avoir rejoint volontairement un espace de guérison en sociothérapie lancé par Interpeace dans sa communauté. Son histoire est une source d’inspiration extraordinaire.