Note d’orientation: Vers une approche intégrée de la gestion des traumatismes pour la paix et le développement au Burundi

Depuis plusieurs décennies, le Burundi s’est efforcé de reconstruire une société apaisée après des cycles répétés de crises et de violences qui ont profondément affecté sa population et le tissu social. Si les blessures visibles se sont peu à peu refermées, les séquelles invisibles — psychologiques, émotionnelles et sociales — ont continué de fragiliser la cohésion nationale et d’entraver les efforts de paix et de développement.

Cette note d’orientation vise à renforcer la compréhension du lien entre guérison des traumatismes, cohésion sociale et développement, et à encourager l’adoption d’une approche intégrée de la santé mentale et du soutien psychosocial (MHPSS) dans les politiques publiques et programmes nationaux.

Elle s’appuie sur les enseignements tirés du projet Synergies pour la Paix, mis en œuvre par Interpeace et ses partenaires nationaux — CENAP, BLTP, ICB, Yaga et Jimbere Magazine — avec le soutien des gouvernements des Pays-Bas et de la Suisse.

Ce programme, mené entre 2019 et 2025, visait à contribuer à la réconciliation et à une gouvernance inclusive et responsable capable de répondre aux priorités de paix et de développement du Burundi.

Son approche reposait sur trois axes complémentaires :

Fruit de plusieurs années de mise en œuvre sur le terrain, cette note met en évidence les leçons apprises, les réussites et les défis liés à l’intégration des approches de santé mentale et de guérison des traumatismes dans les efforts de consolidation de la paix.

Elle présente enfin des recommandations concrètes à l’attention du gouvernement burundais et de ses partenaires techniques et financiers, afin de renforcer une réponse collective, cohérente et durable face à l’impact persistant des traumatismes sur la société burundaise.

Dialogue intergénérationnel: une approche critique pour favoriser la réconciliation et la résilience

Les épisodes de conflits violents et d’instabilité politique ont de graves conséquences sur le tissu social des communautés. Ils alimentent souvent la méfiance générationnelle et mettent en péril la cohésion et l’harmonie sociales. Il paraît peu probable qu’une paix durable soit atteinte si les initiatives de consolidation de la paix ne parviennent pas à combler les écarts générationnels et à favoriser la compréhension et la collaboration entre les membres de la communauté appartenant à différents groupes d’âge. Le dialogue intergénérationnel reste au cœur de l’approche d’Interpeace pour traiter les héritages des conflits, reconstruire la confiance et favoriser une vision commune pour un avenir pacifique et durable. Dans les pays d’Afrique subsaharienne tels que le Rwanda, le Burundi et la Somalie, qui continuent de subir les conséquences des violences passées, y compris le génocide, l’institution collabore avec des organisations locales pour l’établir comme moyen de guérison des traumatismes et de faciliter la réconciliation et la résilience.

La guérison des traumatismes pour renforcer la résilience familiale et communautaire au Rwanda

La transmission intergénérationnelle des traumatismes reste un défi majeur au Rwanda, plus de trois décennies après le génocide contre les Tutsi. Des études ont révélé des niveaux élevés d’héritages des générations plus âgées aux jeunes, en particulier ceux nés après celui-ci.

D’une part, des recherches menées par Interpeace (2020 & 2023) ont révélé que les parents survivants du génocide transmettent aux jeunes générations des blessures psychologiques non cicatrisées, telles que le trouble de stress post-traumatique (TSPT), la colère, la dépression et l’anxiété. Ces conditions nuisent à la capacité parentale et sont aggravées par une incapacité à discuter ouvertement des expériences traumatisantes du passé, ce qui conduit à la détérioration des relations familiales. D’autre part, les familles qui ont été impliquées dans le génocide évitent souvent de discuter des actions passées avec leurs enfants, ce qui provoque chez ces derniers un ressentiment ou même une haine envers leurs parents.

La transmission continue des héritages du génocide a exposé certains jeunes à des comportements à haut risque, pouvant nuire à leur engagement dans le développement socio-économique et limiter la résilience familiale et communautaire.

Interpeace collabore avec le gouvernement rwandais et d’autres partenaires pour renforcer la résilience des individus, des familles et des communautés grâce à une intervention psychosociale de groupe connue sous le nom de Thérapie multifamiliale ou Espaces de guérison multifamiliaux qui met particulierement en avant le dialogue intergénérationnel. Cette approche a été mise en œuvre pour traiter les traumatismes intergénérationnels et améliorer la communication et la cohésion familiales. Les Espaces de guérison multifamiliaux établis au sein de la communauté rassemblent des parents de familles de survivants du génocide, de familles de bourreaux, ainsi que d’autres catégories de Rwandais et leurs descendants, pour engager un dialogue ouvert sur les blessures invisibles et les héritages historiques. Ils dotent les parents et les enfants de compétences socio-émotionnelles pour gérer leurs émotions et les parents sont particulièrement formés aux pratiques parentales positives.

Les espaces de guérison ont abouti à des effets positifs considérables à travers divers aspects de la dynamique familiale : de l’amélioration de la communication et de la résolution des conflits au renforcement de l’égalité des sexes, des pratiques parentales et de la cohésion sociale. Les familles sont devenues plus ouvertes et collaboratives face aux défis. Un parent a fait remarquer : “ Nous avons appris à aborder nos problèmes calmement sans les escalader en disputes. Cela nous a permis de nous connecter à un niveau plus profond”. Un autre a partagé : “ Avant, nous nous criions dessus, mais maintenant nous privilégions l’écoute active à la confrontation”.

En ce qui concerne la rupture du silence autour des traumatismes et des événements historiques, de nombreux parents se sentent désormais plus à l’aise à discuter de sujets sensibles, tels que les expériences traumatisantes avec leurs enfants. Un jeune participant de la province du Nord au Rwanda a partagé : “ Avant d’assister aux espaces, ma mère ne voulait pas que nous l’appelions maman, surtout pendant la période de commémoration du génocide. Elle nous avait demandé d’utiliser un surnom parce que le mot « maman » lui rappelait sa propre mère, qui a été tuée pendant le génocide alors qu’elle était encore jeune. Cela la mettait en colère, la rendait triste ou traumatisée chaque fois qu’elle l’entendrait”.

Grâce à des dialogues intergénérationnels structurés, les parents sont devenus plus capables d’expliquer les expériences historiques de manière objective et significative. En même temps, les jeunes ont acquis la confiance et les compétences nécessaires pour exprimer leurs pensées sur la façon dont ces événements ont façonné leur vie. Ces dialogues ont aidé les familles à briser les barrières de communication qui avaient auparavant entravé des discussions productives, permettant un engagement plus significatif sur les questions familiales et communautaires.

Dans une société rwandaise où les liens familiaux façonnent encore la vie quotidienne, les dialogues intergénérationnels se sont révélés puissants pour surmonter les obstacles de longue date liés aux blessures invisibles, à la méfiance, aux préjugés et à la peur d’autrui. Ces conversations aident à reconstruire des liens sociaux endommagés par les conflits passés et l’héritage du génocide.

Guérir ensemble : le pouvoir du dialogue intergénérationnel dans les efforts de réconciliation et de résilience au Burundi

Le Burundi continue de subir les conséquences qui découlent des multiples cycles de violence passés et d’instabilité politique, souvent marqués par des massacres interethniques. Cette situation est exacerbée par les défis sociaux et économiques persistants dans un pays qui lutte pour reconstruire son économie et son tissu social. Les conflits passés et les défis actuels ont érodé la confiance entre les membres de la communauté, non seulement à travers les groupes ethniques mais aussi à travers les lignes générationnelles. Les jeunes de divers groupes ethniques ont du mal à se faire confiance en raison des héritages ethniques et des disparités socio-économiques et ils ont également du mal à faire confiance à leurs aînés en raison de leur supposée implication dans un passé tragique. Le niveau relativement faible d’inclusion des jeunes dans les processus de prise de décision, en particulier dans les initiatives de guérison et de réconciliation ainsi que dans les moyens de subsistance, aggrave la situation. Cette situation affaiblit les dynamiques familiales et la cohésion sociale, ce qui perpétue le traumatisme intergénérationnel et peut inciter à la haine parmi les jeunes générations.

Grâce à ses initiatives complémentaires, Synergies pour la paix III et Dukire Twubake, Interpeace a tiré parti des dialogues intergénérationnels pour favoriser la guérison, la compréhension et la reconstruction communautaire. Ceux-ci ont été utilisés comme moyen de renforcement de la cohésion sociale et du développement économique.

Ils ont suivi un processus de psychothérapie communautaire qui a permis aux participants de partager leurs histoires traumatisantes, d’aborder des émotions négatives et de trouver la guérison et le réconfort, ouvrant la voie à des dialogues intergénérationnels francs et constructifs. Les personnes de tous âges pouvaient partager ouvertement leurs expériences, défiant ainsi les stéréotypes nuisibles sur d’autres groupes ethniques et nourrissant l’empathie, la confiance et l’appréciation collective des perspectives diverses.

En des espaces pour un dialogue honnête et une écoute attentive, cette approche permet aux Burundais de traiter leurs traumatismes, d’explorer de nouvelles voies de progrès et d’acquérir une compréhension approfondie de leur propre vie et celle des autres. Les dialogues ont non seulement favorisé la réconciliation, mais ont également offert aux participants un exutoire thérapeutique pour renforcer la régulation émotionnelle et la résilience.

Christian, un jeune , a expliqué : “Le dialogue nous permet de nous décharger, car c’est en parlant de ce passé difficile et parfois en le banalisant que nous pouvons enfin vivre dans le présent plus facilement“. Un autre jeune participant de la commune de Ruhororo a ajouté : “Je suis très impressionné. Je ne savais pas que la commune de Ruhororo avait autant de personnes qui risquaient leur vie pour sauver des voisins pendant la crise de 1993. C’est un exemple puissant pour ceux d’entre nous qui n’ont pas vécu ces événements. Personnellement, je suis déterminé à faire campagne pour la paix et la justice, même en période de conflit”.

Ciblant des personnes d’origines ethniques différentes, les dialogues ont également contribué à contrer les interprétations partisanes ou erronées du passé douloureux, conduisant à des communautés plus cohésives.  

Ces efforts sont complétés par des activités supplémentaires. En utilisant des outils de renforcement des capacités et de la confiance, les femmes, les jeunes et les communautés touchées par un traumatisme sont habilités à défendre leurs besoins, mobiliser les autres et diriger des initiatives qui renforcent la cohésion sociale et politique et améliorent les moyens de subsistance. Cette approche encourage également la communication ouverte, l’auto-réflexion et l’exploration collaborative de voies alternatives, favorisant un sentiment d’unité et de collaboration.

Combler le passé: un outil pour pomouvoir la justice transitionnelle en Somalie

La Somalie a fait des progrès notables dans la consolidation de la paix et l’édification de l’État ces dernières années. Cependant, les relations intercommunautaires, en particulier dans les régions frontalières, restent fragiles, en raison de griefs historiques, de la méfiance et des tensions non résolues liées à un partage du pouvoir politique contesté. Ces défis sont encore exacerbés par la rareté des ressources naturelles et les déplacements de population induits par le changement climatique, qui tous aggravent la concurrence pour les ressources et contribuent à des cycles récurrents d’instabilité et de violence.

Ces enjeux complexes et interconnectés impliquent un besoin urgent d’initiatives qui favorisent une compréhension collective du passé et la guérison pour prévenir la violence future, reconstruire la confiance entre les communautés et au sein des institutions, ainsi que faire progresser le dialogue pour répondre à la méfiance générationnelle, qui est essentiel pour l’unité nationale, une paix durable et la stabilité politique. 

Interpeace a lancé le Programme de justice transitionnelle, une initiative visant à renforcer la cohésion sociale et la gouvernance inclusive grâce à des approches de la justice ancrées dans les réalités contextuelles somaliennes. Celui-ci contribue à remédier aux violations et inégalités passées tout en soutenant les voies de transformation socio-économique. En outre, il facilite une compréhension plus approfondie du processus de justice transitionnelle le mieux adapté à la Somalie en impliquant activement les jeunes, les femmes et les plus agés. Grâce à cette approche inclusive, le programme a permis de combler les lacunes du dialogue intergénérationnel, en contribuant à favoriser une appréhension commune de ce que signifie la justice transitionnelle, pourquoi elle est importante dans le contexte de la Somalie et comment aller de l’avant. 

Dans le cadre de cette initiative, des dialogues intergénérationnels ont été organisés à Galkayo, Beledweyn et Dusamareeb, les régions de la Somalie profondément touchées par le conflit et l’instabilité, aggravés par la variabilité du changement climatique. Ils ont été cruciaux pour répondre aux griefs historiques et favoriser une paix durable. Ils ont établi une plateforme pour des discussions ouvertes entre différentes générations, y compris les chefs traditionnels et les parties prenantes locales. Ces sessions ont approfondi l’entendement collectif des dynamiques complexes derrière les griefs passés et ont permis aux membres de la communauté d’apprendre de techniques pour mieux gérer le bilan psychologique de la violence, y compris le traumatisme, l’anxiété et la dépression.

La justice transitionnelle a peu de chances de réussir si les blessures invisibles restent non traitées. Ces dialogues ont renforcé l’opinion selon laquelle une justice et une réconciliation significatives en Somalie nécessitent d’intégrer la santé mentale et le soutien psychosocial (MHPSS) dans ce processus.

Des témoignages personnels d’aînés, de femmes et de jeunes ont mis en évidence le besoin urgent de programmes complets de santé mentale et prise en charge psychosocial comme partie intégrante du système de justice transitionnelle somalien. L’une des recommandations clés était de développer des programmes de formation pour les professionnels de la santé et les prestataires de services opérant dans les régions post-conflit, étant donné leur rôle vital dans l’identification et le traitement des problèmes de santé mentale à l’échelle communautaire.

Une praticienne de la santé a noté: “ Nous ne pouvons pas parvenir à la justice transitionnelle si les gens souffrent encore de problèmes de santé mentale. Cela limite leur capacité à se pardonner et à renforcer leur résilience. De plus, dans nos efforts pour fournir des soins, mes collègues et moi ne sommes pas à l’abri des traumatismes secondaires causés par le fait d’être témoins de la profonde souffrance dans nos communautés. C’est pourquoi les programmes de formation sont essentiels pour nous aider à faire face à ces défis complexes”.

L’expérience de la Somalie souligne l’importance de promouvoir la compréhension intergénérationnelle pour établir une paix positive. Le Programme de justice transitionnelle a jeté les bases d’un processus de réconciliation local et significatif en comblant les écarts générationnels. Il renforce le potentiel du pays à transformer son histoire douloureuse en une source de résilience et de renouveau, favorisant un avenir établi sur la justice, l’inclusion et une paix durable.

Discuter de l’histoire pour contrer la manipulation et les divisons

Dans les contextes fragiles touchés par un conflit, les jeunes sont particulièrement vulnérables à la manipulation et aux idéologies motivées par la haine en raison de leur connaissance limitée de l’histoire de leur pays. La propagation de la désinformation est facilitée par l’utilisation abusive accrue d’Internet, en particulier les médias sociaux et forums toxiques diffusant des discours de haine et favorisant la division.

Au Rwanda, au Burundi et en Somalie, des dialogues intergénérationnels qui rassemblent les jeunes et les aînés respectés de divers secteurs—publics, privés, academiques et de la société civile — aident les jeunes à mieux connaître et comprendre les événements tragiques qui ont marqué l’histoire de leurs communautés et leurs pays, y compris le génocide et/ou les conflits armés. Ces conversations leur permettent de construire activement des sociétés pacifiques et résilientes. Dans ces pays, où les souvenirs de la violence persistent et les héritages du traumatisme façonnent la vie quotidienne, autonomiser les familles, les communautés et les jeunes pour qu’ils affrontent ensemble des histoires douloureuses n’est pas seulement réparer les liens brisés mais jeter les bases d’une vie paisible. Les sociétés seront inclusives et les divisions passées ne décideront alors plus l’avenir. La réconciliation, la justice et la paix durable seront atteintes.

Somalie

Interpeace en Somalie

La Somalie abrite l’un des programmes les plus anciens d’Interpeace, lancé en 1996 dans le nord-est du pays. L’organisation l’a ensuite étendu au Somaliland en 1999 et au centre-sud de la Somalie en 2000. Pendant trois décennies, Interpeace a travaillé en Somalie pour soutenir et faire progresser les processus de consolidation de l’État et de consolidation de la paix. Elle travaille avec et par l’intermédiaire de ses partenaires somaliens de la société civile, des institutions locales de consolidation de la paix, des gouvernements et de la communauté internationale.

En l’absence d’un gouvernement central et d’administrations locales fonctionnels, les organisations de la société civile (OSC) ont joué un rôle crucial, en particulier dans les années 1990 et au début des années 2000, en tant que moteurs clés des efforts de construction de l’État et de consolidation de la paix. En Somalie, elles ont amplifié la voix des communautés marginalisées, fourni des services sociaux essentiels et facilité le dialogue entre les parties au conflit. Exclues de la sphère traditionnellement dominée par les hommes de la politique basée sur les clans, les femmes ont canalisé leur vision et leur pouvoir politiques dans la société civile et l’espace politique qui ont émergé après l’effondrement de l’État.

Contexte actuel

Le contexte somalien a constamment évolué. D’une part, l’insécurité perdure et la lutte pour la cohésion sociale est frustrée par les bouleversements et la poursuite de la géopolitique de la région et l’impact dévastateur du changement climatique. Cependant, au cours de la dernière décennie, le pays a connu une période de progrès politique et institutionnel, ce qui suggère une transition progressive vers une sortie de la fragilité et de la crise prolongée. Cette situation est renforcée par la libération progressive des territoires précédemment détenus par Al-Shabaab, qui marque une étape importante dans la consolidation des structures de gouvernance et de sécurité.

La Somalie a également fait des progrès importants dans les processus de consolidation de la paix et de construction de l’État, comme en témoignent les récents développements tels que la levée de l’embargo sur les armes, l’annulation de la dette et l’adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) en tant que huitième pays membre. Ces avancées devraient avoir un effet positif sur le programme de développement de la Somalie et renforcer sa position au sein de la communauté internationale. Le pays s’est doté d’un plan de démocratisation ambitieux pour faire avancer les élections “d’une personne, une voix” pour une transition politique aux niveaux fédéral, étatique et de district. L’objectif plus large de la Somalie est d’accroître la légitimité des institutions de gouvernance en assurant la participation directe des citoyens.

L’étape vers la finalisation de la Constitution fédérale provisoire a également repris après que le gouvernement fédéral actuel de la Somalie (FGS) ait donné la priorité au processus d’examen de texte. Actuellement, le processus d’examen est géré par les chambres haute et basse du Parlement à Mogadishu. Cependant, les questions non résolues qui nécessitent un dialogue politique et le consensus entre la FGS et les États membres fédéraux (FMS) ont bloqué le processus, qui est resté un défi récurrent depuis 2012.

Dans la région autonome du Somaliland, des progrès importants ont été accomplis pour maintenir son système de gouvernance hybride et tenir plusieurs élections. Récemment, celui-ci a mené à bien l’élection présidentielle qui a abouti à un changement de régime après la victoire électorale du parti d’opposition. À ce jour, le Somaliland a tenu neuf scrutins démocratiques, dont quatre présidentielles (2003, 2010, 2017 et 2024), deux législatives (2005 et 2021) et trois conseils locaux (2002, 2012 et 2021).

L’élection de novembre 2024 au Somaliland a marqué un tournant historique, le chef de l’opposition Abdirahman Mohamed Abdullahi « Irro » ayant remporté une victoire décisive sur le président sortant Muse Bihi Abdi. Elle a été largement considérée comme un tournant politique majeur, reflétant la demande du public pour le changement et une gouvernance plus inclusive. La victoire d’Irro a non seulement marqué une transition politique, mais elle a également renforcé les références démocratiques du Somaliland, car le transfert pacifique du pouvoir était considéré comme un témoignage d’une relative maturité politique de la région. Toutefois, au Somaliland, les problèmes d’insécurité se sont aggravés, en particulier dans les régions orientales de Sanaag et de Sool. Les tensions entre le Somaliland et les milices de la CSE-Khatumo demeurent élevées, se transformant périodiquement en affrontements violents avec des coûts humains importants, y compris des pertes de vies humaines et le déplacement de civils, conduisant à un nombre croissant de réfugiés.

L’administration du président Irro est perçue comme plus conciliante et diplomatique dans son approche de la gouvernance, mettant l’accent sur le processus décisionnel fondé sur le consensus et l’inclusivité politique. Dès le début, son gouvernement a donné la priorité au dialogue avec les principales parties prenantes, y compris les dirigeants de SPC-Khatumo dans les régions de Sool, Sanaag et Cayn, afin de résoudre les tensions et les préoccupations en matière de sécurité qui perdurent depuis longtemps. Son administration s’est également penchée sur les priorités nationales urgentes telles que le renforcement de la sécurité, la réponse aux sécheresses récurrentes et la mise en œuvre de réformes économiques visant à favoriser la stabilité et la croissance nationale.

Malgré ces progrès positifs dans les processus globaux de construction de l’État, l’insécurité due à la présence et à l’influence des groupes militants (Al Shabaab et ISIS), les effets négatifs du changement climatique et les conflits communautaires récurrents continuent d’aggraver la fragilité de la Somalie. Ces défis affectent également les programmes de développement aux niveaux fédéral, des États et des districts et déterminent la façon dont les ressources sont allouées. La lutte contre l’insécurité et la réponse à la crise humanitaire fréquente figurent parmi les questions prioritaires.

Adolescent pregnancies - A drawback of family cohesion


Early pregnancies have severe psychological effects on adolescent mothers and cause conflicts in families and communities. Research conducted in Rwanda by Interpeace revealed high rates of PTSD, depression and anxiety experienced by adolescent mothers due to social stigma, judgement, family rejection and inadequate psychosocial support, leading some of the teenage mothers to consider unsafe abortion or even suicide. It recommends providing integrated social, legal, and psychological support to young mothers and their families.

Enhancing Psychosocial Resilience in Rwanda

Studies show that many Rwandans struggle with mental health issues, worsened by high demand, limited number of professionals, funding shortages, and stigma. Interpeace collaborates with the Ministry of Health through Rwanda Biomedical Centre (RBC) to implement “Resilience-Oriented Therapy,” a group-based intervention in health centres and hospitals. This approach helps to decentralise mental health services to grassroot communities and effectively addresses PTSD, depression, anxiety, and borderline personality disorders while strengthening participants' resilience.

Multifamily Healing spaces

A family is the foundation of any society. In Rwanda, the 1994 Genocide against the Tutsi shattered family structures and disrupted family life and cohesion. Interpeace has introduced a group-based psychosocial intervention known as Multifamily Healing Spaces (MFHS) to address intergenerational trauma and enhance family harmony. The MFHS have proven to be highly effective in resolving intrafamily conflicts, enhancing communication and problem-solving skills, promoting positive parenting, and building family cohesion and resilience.