Emancipation politique et économique des collectifs de jeunes

Les jeunes, qui constituent la majorité de la population (65%) au Burundi, ont été très affectés par les cycle de violence prolongée. Ils ont été exposés directement à celle-ci de même qu’à la participation volontaire ou forcée dans les groups armés et les milices ou encore à davantage de vulnérabilité à la manipulation politique.

Ils souffrent également de la propagation intergénérationnelle des traumatismes, du manque de possibilités d’éducation, d’emplois ou d’options de revenus. Le programme oeuvre étroitement avec des jeunes affiliés avec différents partis politiques, dialoguant avec eux au travers de l’encadrement, les débats et l’établissement de collectifs pour l’action pour promouvoir des processus électoraux pacifiques. Parmi ses succès importants, les jeunes au-delà des divisions de partis ont combattu les rumeurs et les stéréotypes, atténuant les conflits potentiels avant même qu’ils ne démarrent. Ils ont également lancé des projets et des réseaux communs de leur propre initiative. Par exemple, la création d'un Coopérative des jeunes unis pour le développement intégral (CJUDI) qui rassemble des personnes de différents partis politiques travaillant dans la province de Ngozi a vu ces collectifs oeuvrant à des initiatives communautaires et entrepreneuriales et par consequent renforçant la cohésion sociale

Renforcement des pratiques de gouvernance démocratique et de la participation des citoyens dans les processus de prise de décision

L’un des objectifs du programme est de contribuer au renforcement d’une culture démocratique au travers des valeurs de dialogue inclusif, d’établissement des responsabilités et de coexistence pacifique. Au travers de structures communautaires, combinéees avec des approches d’établissement des capacités, de dialogue et d’explications, celui-ci oeuvre à des changements importants d’attitudes. Ceux-ci aboutissent notamment à l’augmentation de la volonté des jeunes, des hommes et des femmes de participer aux prises de décision mais aussi à davantage de partage d’informations, de tolérance, de compréhension des droits et des responsabilités et de considération pour les autres opinions politiques. Leurs structures communautaires identifient les questions communautaires locales comme les conflits fonciers et apportent des réponses et ils permettent aux citoyens de planifier collectivement des actions pour faire face conjointement à leurs besoins et à leurs priorités.

« Puissiez-vous avoir des racines, puissiez-vous avoir un avenir »

Le nom du programme « Gira iyo uva nivo uia » signifie « Puissiez-vous avoir des racines ; Puissiez-vous avoir un avenir », est une bénédiction traditionnelle burundaise accordée aux enfants et aux jeunes et symbolise le double accent du programme sur la réconciliation du passé et la construction d’un avenir. Le programme visait à revigorer le dialogue entre des personnes de différentes affiliations (ethniques et politiques), tant au niveau communautaire que national. Il visait également à utiliser la consultation comme point d’entrée pour renforcer les capacités de résilience des communautés – et en particulier des jeunes – à la fois pour résister à la manipulation et pour s’engager efficacement dans et promouvoir une gouvernance inclusive et des processus de consolidation de la paix. S'appuyant sur la recherche sur les aspirations des jeunes pour un avenir au Burundi, le programme s'est associé à des groupes de dialogue permanent des jeunes dans les provinces de Bubanza, Cibitoke, Bujumbura rural, Rumonge, Bururi, Ngozi, Muyinga et Kirundo.Des jeunes issus de divers horizons politiques, communautaires et religieux ont été guidés tout au long d'un processus visant à transcender leurs différences, à identifier conjointement leurs préoccupations, à développer des initiatives conjointes et à impliquer les principaux décideurs pour répondre à leurs préoccupations.L'exercice a permis aux jeunes de se connecter les uns aux autres au-delà des divisions et de mettre en pratique les valeurs de tolérance, de débat et de recherche de consensus. Cette approche a également permis aux jeunes de reconnaître leurs capacités à changer leur situation et la confiance nécessaire pour s'engager avec ceux qui sont au pouvoir. Il a été observé que les jeunes engagés exercent leur collaboration, leur leadership et leur confiance en lançant des efforts visant à renforcer la voix et la position des jeunes dans la vie publique.

The Aspirations of Young People for the Future of Burundi

In 2017, the Conflict Alert and Prevention Centre (CENAP) and Interpeace carried out a research to understand the priority concerns of Burundi’s young people regarding the future of their country.

Inspired by the various crises experienced in Burundi, in which the youth have always been involved, the research was conducted in all the 18 provinces of Burundi. It collected the view of over 4,000 young people of varying origins and affiliations, all aged between 15 and 29 years. The youth constitute the majority of Burundi’s population.

The study took into consideration various aspects of national life in Burundi that could serve as a reference in the development of national policies concerning the youth. It had both quantitative and qualitative dimensions, and also addressed topics relating to gender, the education system in Burundi, regional integration as well as access to information. The research findings were validated on 21-22 December 2017 at a national stakeholders’ conference  in the country’s capital, Bujumbura.

A key finding was that Burundi’s young people consider peace their main priority. Of the youth sampled, 57.3% prioritized the need to live and prosper in a peaceful environment, without having to worry about their security.

In terms of affiliation, many youths expressed a lack of interest in active politics. The research revealed that over 70% had no desire to join a political party. Conversely, 81.4% of the young people are open to joining various types of non-political associations. “This means that the decision-makers have to think 1,000 times to regain our confidence, and to no longer consider us [easy targets] during election periods,” remarked Levy Nelson, a young member of the Burundian non-profit, New Generation Association.

The great challenge of material well-being

In the study, the youth raised issues of unemployment and concerns over their material wellbeing, which they said often exposed them to manipulation by political actors. One interesting finding of the study is the widespread inclination of young people, especially those from the rural areas, towards careers in the health and educational fields. Some participants attributed this to a pervasive sense of insecurity for the future, which pushes many young people towards the more “job-driven” sectors, when they could try in other areas.

Jacques Nelson, Chairman of the National Federation of Associations Engaged in Children's Welfare in Burundi (FENADEB), encouraged meritocracy in employment. “For the benefit of the nation, recruitment should be done on a merit basis, to choose the best candidates,” he said.

Understanding the past, for a better future

The study also showed that the youth place premium value on the need to understand the history of Burundi. In the opinion of many respondents, the fateful, undocumented and “taboo” parts of the country’s history are a critical reason for the vicious cycle of violence in Burundi. “Before turning the page of history, one must first read it and understand it. Then we will have the strength to turn it,” noted one young student consulted in the study.

This aspiration to understand the country’s past received encouragement from the Chairman of the Truth and Reconciliation Commission (TRC), Bishop Jean Louis Nahimana.  “I am very pleased to see that young people can talk about history objectively and without emotions,” Bishop Nahimana said at the stakeholders’ conference. “The road is still long and CENAP should put its expertise in the field of transitional justice, at the service of the TRC.”

On his part, the Permanent Secretary of the Interior ministry, Déo Ruberintwari, lauded the study as a useful resource for the country’s future orientation. "[This is] a real dashboard through which all political decision-makers and NGOs working with youth must now draw inspiration," the Permanent Secretary said in his remarks at the conference.

Read the full report (in French, PDF)

Adapted from CENAP’s account of the national stakeholders’ conference, available ici (in French)

Etude sur les Aspirations des Jeunes pour le Burundi de demain - Gira iyo uva n’iyo uja

Introduction

Le Burundi est un petit pays de 27 834 km² avec une population estimée à 10.114.505 d’habitants dont 50% sont âgés de moins de 17 ans et les 2/3 de moins de 25 ans. Selon les projections, la population en âge de travailler aura augmenté de 96.7% en 20302 alors que le taux de chômage actuel est de 50% chez les moins de 30 ans.

En dépit de cette importance qu’ils représentent pour le Burundi de demain, dans bien de recherches sur les enjeux du futur, leur voix sont souvent absentes. Cette étude leur donne prioritairement la parole pour qu’ils s’expriment sur leurs aspirations au bienêtre, aux connaissances et aux valeurs humaines, qui leurs permettront d’envisager leur avenir avec compétence, assumer leurs rôles et responsabilités futures tout en les engageant activement dans un processus de réflexion sur le futur souhaité pour la paix et le développement durable et à partager une vision commune.

L’étude fait suite à des idées issues des groupes de dialogue avec des jeunes dans des communes et milieux scolaires et académiques. Elle fait suite également à une autre recherche de même nature, dont les résultats ont été publiés par le Centre d'Alerte et de Prévention des Conflits (CENAP) et Interpeace, sous un rapport intitulé Autoportrait du Burundi, sur les attentes et aspirations pour la paix durable au Burundi (2008). Le Burundi sortait d’un long conflit, et les principales aspirations des burundais consultés dans le pays et dans la diaspora exprimaient principalement des attentes de dividendes de la paix. Les idées issues de ces consultations ont inspiré des actions touchant notamment aux jeunes, dont la question du chômage et du sous-emploi. Plus de 15 ans après la fin du conflit, l’idée est revenue au-devant de la scène, dans des consultations au sein des groupes de dialogue avec des adultes et avec des jeunes, de prendre du recul et d’explorer à nouveau les défis contemporains et les perspectives pour le futur, en donnant la priorité à la voix des jeunes, qui prendront la relève de demain.

Tel sera le contenu des résultats de cette recherche, placée dans le cadre du programme CENAP-Interpeace, « Gira Iyo Uva N’iyo Uja », du nom d’une bénédiction que les grandes personnes donnent aux enfants, et qui veut dire, « aies des origines, aies un futur ».

Avant de plonger dans le contenu des résultats, il est utile de rappeler que l’étude a été conduite au sortir des élections de 2015, qui ont été marquées par une crise qui a sollicité la sensibilité des jeunes et perturbé leur quiétude.

Approche Méthodologique

Pour conduire cette étude, une approche combinant trois méthodes de recherche a été privilégiée. En premier lieu, une revue documentaire a permis d’affiner la méthodologie, confectionner les outils et enrichir l’analyse. Une phase de collecte des données sur le terrain a ensuite permis de mesurer les différents indicateurs au sein de la population. Elle s’est faite à l’aide d’une enquête quantitative pour mesurer les niveaux et les structures du phénomène et d’une enquête qualitative afin de trouver des explications sur le niveau des indicateurs et des perceptions et aspirations des jeunes sur le monde d’aujourd’hui.

Outils de collecte

Pour conduire cette recherche, un questionnaire quantitatif et un guide de relance pour les groupes de discussions ont été élaborés et utilisés. Pour le volet quantitatif, le questionnaire élaboré a été programmé sur Smartphone fonctionnant sous androïde à l’aide de l’application mobile « Csentry » du logiciel CSPRO 6.3. Il est constitué essentiellement de questions fermées et semi-ouvertes permettant d’appréhender les différents niveaux d’indicateurs.

Forum Régional de Kinshasa

Coverage of the Great Lakes Regional Stakeholders' Forum on Radio Spot.