Renforcer la prévention des conflits et la gouvernance sécuritaire locale

Découvrez dans cette vidéo captivante, comment des cadres de collaboration sont mis en place pour dynamiser la synergie entre les communautés locales et les institutions sécuritaires. Par ailleurs, au cœur de cette démarche de consolidation de la paix et de promotion de la cohésion sociale se trouvent les cercles de paix, des espaces inclusifs favorisant la participation active des femmes au renforcement de la résilience des communautés. 

Avec le financement du gouvernement de Canada à travers le programme pour la stabilisation et les Operations de paix (PSOP), Interpeace a mis en œuvre ces initiatives innovantes qui transforment la manière dont les populations et les forces de défense et de sécurité collaborent pour assurer la paix et la sécurité dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord, du Sahel et de l'Est, au Burkina Faso.

Saoudata et les "Cercles de paix", au secours des femmes au Burkina Faso

A la rencontre de Saoudata Ouedraogo, une femme très engagée dans sa commune et qui porte une initiative de renforcement de la résilience des femmes et de leur contribution à la paix dans la commune de Kaya.

« Je suis Madame Ouedraogo Saoudata, présidente du réseau des femmes leaders pour la tolérance et la paix au Centre-Nord et aussi coordonnatrice régionale des femmes du Centre -Nord.

Depuis le début de la crise, j’ai constaté une réelle nécessité de travailler avec les femmes sur les questions de la tolérance, du vivre ensemble, de la cohésion sociale et de la paix dans ma commune. En effet, le déplacement des populations crée un inconfort de vie et demande une grande adaptation tant pour les personnes déplacées que chez les populations hôtes. C’est ainsi que j’ai pris la décision de travailler particulièrement avec les femmes déplacées internes en mettant en place des « Champs de la paix » avec 50 femmes, afin qu’elles cultivent l’esprit de résilience et de paix pour un meilleur vivre ensemble dans les zones d’accueil.

La mise en œuvre donc du projet « Améliorer la prévention des conflits et la gouvernance sécuritaire au Burkina Faso » a été d’un apport essentiel et capital pour la poursuite de mon action avec les femmes victimes de la situation sécuritaire du pays. En effet grâce à ce projet sur la gouvernance sécuritaire, j’ai bénéficié de formations sur l’outil Cercles de paix et la transformation des conflits.

À la suite de la formation, j’ai eu une meilleure compréhension et connaissance de la dimension « sensibilité aux conflits et proactivité pour la paix ». J’ai ainsi décidé après cette prise de conscience de faire profiter cette initiative de renforcement de capacités à 50 autres femmes de la communauté hôte.

Cette initiative a donc permis un brassage entre ces 100 femmes déplacées internes et de la communauté hôte. Ce qui leur a permis de réaliser en toute harmonie des activités génératrices de revenus (AGR) afin de participer aux charges de leurs ménages de fortunes et de vivre plus ou moins dignement ».

L’action de Saoudata Ouedraogo, saluée par sa communauté, a contribué à réduire les tensions latentes et a permis d’améliorer les conditions de vie de ces femmes.

Le projet a été mis en œuvre par Interpeace, grâce au financement et à l’appui technique du Gouvernement canadien à travers le Programme pour la stabilisation et les opérations de paix (PSOPs). Il avait pour objectif l’amélioration du niveau de sécurité dans les régions cibles du Sahel, Est, Centre Nord et Boucle de Mouhoun au Burkina Faso, par le biais des femmes en particulier, dans une approche favorisant la paix.

Les activités génératrices de revenus comme moyens de renforcement de la cohésion sociale

Dans le cadre de sa mission de consolidation de la paix, Interpeace a initié, avec l’appui technique et financier de la Fondation PATRIP, de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW), de l’Allemagne et du Danemark, le projet « Brique par brique : renforcer la cohésion sociale et prévenir les conflits à la frontière Mali-Burkina Faso ». Cette initiative vise à promouvoir la stabilisation économique, politique et sociale et la résilience des communautés vivant dans les régions fragiles, notamment le long des frontières entre le Mali et le Burkina Faso, et de favoriser la résolution locale des conflits et la prévention de l’extrémisme violent. A cette fin, Interpeace a développé un dispositif de soutien à l’autonomisation des femmes et des jeunes.

La crise sécuritaire et les conflits communautaires dans le Sahel appellent une synergie d’actions des Etats, des partenaires au développement et des organisations communautaires dans le but de réinstaurer ou de consolider la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Faisant écho à l’urgence inhérente à cette situation dans la bande frontalière Mali-Burkina Faso, Interpeace a développé, avec l’appui de la Fondation PATRIP, le projet « Brique par brique : renforcer la cohésion sociale et prévenir les conflits à la frontière Mali-Burkina Faso ». Cette initiative a été précédée d’une première phase qui a fait émerger, de façon participative, les dynamiques conflictuelles de la zone frontalière ainsi que les réponses à y adresser.

Au titre des pistes proposées, il ressort le développement d’activités génératrices de revenus avec une dimension environnementale dont l’objectif est de promouvoir l’autonomisation des populations vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Cette approche contribue à réduire les sources de tensions sociales autour de l’exploitation des ressources naturelles.

Au regard de la dimension communautaire des activités et pour des enjeux liés à l’appropriation locale et à la durabilité du projet, le soutien aux activités génératrices de revenus a été réalisé avec l’appui des organisations locales aussi bien au Mali qu’au Burkina Faso. Il s’agit notamment d’Esther Vision du Burkina Faso et de l’ONG Action pour le développement des initiatives locales (ADILO) du Mali.

Le dispositif d’accompagnement des activités génératrices de revenus a été développé suivant trois étapes. Après une étude d’identification et de vulgarisation des emplois verts, soixante femmes et jeunes ont été choisis et formés à l’élevage, à la production céréalière, à la transformation de produits forestiers non ligneux ou encore en apiculture. Les participants ont été suivant un processus participatif et inclusif et selon des critères de vulnérabilité, d’âge, de sexe et de résidence. A l’issue de la formation, des kits d’installation et de démarrage leur ont été remis. « J’ai reçu une formation en apiculture, puis j’ai été doté de matériels de production. Grâce à cela, j'exerce maintenant une activité qui est rentable et j’ai acquis de nouvelles connaissances sur la récolte et la commercialisation du miel », affirme Mamadou Traoré, un participant de Koloko, au Burkina Faso.

En sus, les activités génératrices de revenus promues suscitent des perspectives d’emplois différents dans l’optique de créer des alternatives aux activités liées à l’exploitation des ressources naturelles qui fait l’objet de tensions dans la zone d’intervention du projet. « Grâce à la formation, j'ai reçu des compétences qui me permettent d'améliorer ma productivité, la conservation et la commercialisation de soumbala. Aujourd’hui, nous réalisons plus de bénéfices », affirme Odette Sanou, une participante et productrice de soumbala de Koloko, au Burkina Faso.

Des propos recueillis auprès des jeunes et des femmes, il ressort que ces alternatives développées ont permis de réduire la compétition autour de l’exploitation des ressources naturelles. Les conflits sur cette question se sont par conséquent amenuisés. En effet, toutes les participantes ont reconnu qu’avant l’intervention du projet, les femmes tiraient l’essentiel de leurs revenus de l’exploitation des produits forestiers non ligneux : karité et néré entre autres. La compétition qui en découlait constituait une véritable source de conflits quotidiens. Ceux-ci transcendaient souvent les familles pour impliquer des villages entiers.

Aujourd’hui, la promotion des activités génératrices de revenus a non seulement réduit la concurrence autour de ces activités, mais a permis également aux femmes d’avoir d’autres perspectives, réduisant considérablement les conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles. Wassa SANOGO, participante résidant à Hermakono, au Mali a d’ailleurs affirmé que : « depuis que je me suis orientée vers l’élevage des petits ruminants, je m’entends mieux avec mes coépouses et les autres femmes qui transforment et écoulent les noix de karité ».

Aussi, les difficultés d’accès à la terre ont exacerbé le chômage et la précarité des jeunes. Cette situation les expose aux alternatives proposées par les groupes armés présents dans la zone. L’accompagnement pour la réalisation des activités génératrices de revenus est, de leur point de vue, de nature à accroître leur autonomisation et à renforcer leur résilience face aux tentatives de recrutement des groupes armés. DrissaTraoré, un participant résidant à Hermakono, au Mali, a soutenu que « grâce à la formation, j’ai pu acquérir des techniques culturales qui m’ont permis de cultiver le maïs sur un hectare et les récoltes s’annoncent bonnes. Je pense que si tous les jeunes avaient cette chance, les groupes terroristes n’auraient pas pu enrôler certains et nous serions en paix ».

En définitive, si les activités génératrices de revenus ont d’emblée vocation à soutenir l’autonomisation des femmes et des jeunes, elles contribuent à réduire la concurrence autour de l’exploitation des ressources naturelles et à renforcer leur résilience. Elles permettent par conséquent de prévenir les conflits et de renforcer la cohésion sociale. C’est pourquoi, pour Interpeace et ses partenaires, l’appui à ces activités comme moyens de subsistance constituent aujourd’hui une des alternatives de prévention des conflits et de promotion de la cohésion sociale.

Renforcement du bien-être psychosocial des personnes affectées par la crise sécuritaire pour la résilience et une paix durable au Burkina Faso

Burkina Faso is currently facing a multidimensional security and humanitarian crisis that is having an impact on several sectors of national life, mainly health, development, political stability and social cohesion.

To address the traumas caused by the crisis, as well as the consequences for social cohesion, Interpeace is implementing the “Laafia Weltaré: reinforcing the psychosocial well-being of people affected by the security crisis for resilience and sustainable peace in Burkina Faso” project, with technical and financial support from the Swedish Embassy in Burkina Faso. The aim is to integrate a holistic approach to peacebuilding, including mental health, psychosocial support and livelihood development, into the strategies, plans and actions of national and international actors working in communities affected by security and humanitarian crises.

Interpeace is implementing this project in partnership with the Ministry of Health and Public Hygiene, the Ministry of Defense and Veterans, the Ministry of Territorial Administration, Decentralization and Security, the Ministry of National Solidarity and Humanitarian Action, Gender and Family, as well as civil society organizations and NGOs operating in the Cascades region.

Collaboration is planned with a network of local mediators, intervening as close as possible to those affected and mobilizing them, particularly members of the Defense and Security Forces injured in operations, internally displaced persons and host communities.

For Interpeace, psychosocial well-being and mental health are essential components of medium- and long-term peacebuilding initiatives. Strengthening social cohesion means meeting people’s social, economic and psychological needs.

To achieve this, Interpeace implements its interventions through an inclusive approach, i.e. the co-creation and collaborative conceptualization of tools adapted to different contexts. To implement the analysis dimension, Interpeace uses Participatory Action Research as its methodology.

Drawing on its experience in implementing programmes linking mental health, psychosocial well-being, livelihoods and social cohesion/peacebuilding in post-conflict contexts, such as Rwanda, Interpeace intends to facilitate the response to these different challenges.

Renforcer le rôle des femmes et des jeunes dans la gouvernance de la sécurité au Burkina Faso

Le Burkina Faso a longtemps cité comme un modèle de stabilité et de cohésion sociale dans une région confrontée à de multiples crises et violences. Mais aujourd’hui, le pays fait face à des attaques armées de plus en plus fréquentes, violentes et meurtrières, de même qu’à une recrudescence du nombre de conflits intra et intercommunautaires.

A travers une implication innovante des leaders coutumiers et religieux dans la diffusion de messages de paix, Interpeace a organisé des caravanes dans 12 communes au Burkina Faso pour sensibiliser les populations sur ces questions, avec un accent particulier sur la promotion de l’intégration des femmes et des jeunes dans la gestion de la sécurité.

La dégradation de la situation sécuritaire nécessite l’implication de toute la communauté, en particulier les femmes, qui représentent 51,7% de la population, et les jeunes de moins de 15 ans, à 45,3%. Ces personnes apparaissent les plus touchées du fait de leur vulnérabilité, subissant les pires formes de violence. Parmi elles, les femmes deviennent des survivantes de violences basées sur le genre et les jeunes, du fait de la faiblesse des opportunités d’emplois et en raison des frustrations, ont tendance à se faire enrôler par les groupes armés organisés.

Des recherches récentes d'Interpeace ont montré la faible implication des femmes et des jeunes dans la gouvernance locale de la sécurité. Pourtant, la participation de ces personnes au Burkina Faso est un facteur essentiel pour améliorer la gouvernance, plus particulièrement celle de la sécurité dans le pays. Elle est indispensable pour renforcer la résilience locale et nationale et la cohésion sociale.

The caravans Interpeace organised included educational talks by trained youth in forums discussing the integration of women and youth in peacebuilding, radio programmes promoting social cohesion, conflict prevention and management, and debates on the Interpeace analysis report on the security sector in the country.

Religious tradition and practice begin early in the family and continues throughout an individual's life. Religious and traditional leaders are among the most influential and respected people in society, and their involvement and ownership in peacebuilding remains central to conflict prevention and transformation.

Quant à la jeunesse, elle a un grand rôle à jouer dans la quête de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Cet état de fait commande que chaque jeune fasse preuve de responsabilité et d’engagement citoyen, d’où le renforcement de ses capacités sur la transformation des conflits, la communication non violente et l’utilisation responsable des réseaux sociaux.

"Women and young people are the most numerous, and if we involve them in the fight against terrorism and insecurity, we will be able to fight insecurity effectively. Women are important, young people are important," said the High Commissioner of the Séno province.

Noumpoua Tankoano from Fada N'Gourma underlined the importance of the educational talks, especially for internally displaced people like herself who have fled their localities because of the violence.

"Many of the women among us have lost their husbands, other men have abandoned their wives in the hope of surviving. Women are left as widows, with a large number of children to raise. The adversity in which they live is likely to influence them and lead them into unhealthy behaviour," she said.

"This talk we had on the theme of supporting women in terrorist actions, and resolutions to deter them was necessary and gave us the confidence to contribute to the promotion of peace in our communities.”

These caravans are part of Interpeace's initiative to improve conflict prevention and security governance in the Boucle du Mouhoun, Centre-North, East and Sahel regions. Interpeace would like to thank the Government of Canada, through the Stabilization and Peace Operations Program of Global Affairs Canada, for its financial support.

Renforcer et intégrer les approaches de consolidation de la paix dans la gouvernance de la sécurité

La région de l’Est au Burkina Faso a expérimenté une explosion du nombre de conflits entre 2015 et 2017. D’un peu plus de 100 cas entre 2012 and 2014, elle a observé près de 850 cas communautaires dans les trois ans suivants. Ceux-ci sont surtout des conflits fonciers, agro-pastoraux, liés aux chefferies traditionnelles, interreligieux, politiques ou entre populations ou mineurs. Plus de 60%, soit 518 conflits, étaient dus au foncier.

To reduce the risk of conflict over land and natural resources, and to make communities more resilient to the challenges of land and natural resource management in the East region, Interpeace is implementing since July 2021 project on "Conflict prevention and management project in the East region of Burkina Faso" with UNDP and FAO. The project aims to develop the capacity of local institutional actors and conflict-affected communities to analyze, manage, mediate, and resolve conflicts over land and natural resources in a non-violent manner, leading the process from within, guided by the needs and aspirations of the communities. Interpeace is mandated to conduct a conflict analysis and baseline assessment to provide the data and information necessary to formulate a more refined programmatic response to maximize the project's impact on conflict sensitivity and peacebuilding.