La région des Grands Lacs africains connaît des cycles récurrents de violence et d’instabilité depuis les années 1960. Ces conflits, souvent enracinés dans la manipulation identitaire, les griefs historiques, l’exclusion dans la gouvernance et la compétition pour les ressources naturelles, ont provoqué des conséquences humanitaires dévastatrices, entraînant des millions de morts et de déplacements. Interpeace est actuellement actif au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et en Ouganda.
Les dynamiques conflictuelles dans la région sont profondément interconnectées. Les tensions internes dépassent souvent les frontières, renforçant un système régional de conflits complexes. Cette situation inclut la présence persistante de groupes armés dans l’est de la RDC, des relations diplomatiques fragiles entre États voisins et d’importants défis humanitaires dus aux déplacements forcés. Les séquelles non résolues du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, les tensions interethniques au Burundi, la gouvernance fragile dans certaines zones de la RDC et la réduction de l’espace civique en Ouganda continuent de freiner les efforts de consolidation de la paix. Les jeunes et les femmes, bien qu’essentiels à la résilience communautaire, restent largement exclus des processus officiels de paix et de prise de décision.
En 2013, Interpeace et ses partenaires locaux ont consulté les populations des Grands Lacs sur l’orientation stratégique qu’un programme régional devrait adopter. Ces discussions ont révélé une forte demande pour des dialogues transfrontaliers entre les communautés partageant les frontières, ainsi qu’entre ces communautés et les décideurs politiques. Les récentes escalades, telles que la résurgence du mouvement M23 dans l’est de la RDC, ont davantage fragilisé la résilience des communautés et souligné l’urgence de mettre en œuvre des initiatives de paix transfrontalières inclusives, centrées sur les voix locales, notamment celles des jeunes et des communautés marginalisées.
L’objectif principal d’Interpeace dans la région des Grands Lacs est de promouvoir la paix, la stabilité et la cohésion sociale par le renforcement des capacités de résilience pour la paix et la réconciliation à travers la région. L’organisation mobilise les membres des communautés – en particulier les femmes et les jeunes – ainsi que les décideurs, en créant des espaces sûrs pour des dialogues inclusifs et des activités collectives. Grâce à des collaborations interculturelles et intergénérationnelles, Interpeace vise à transformer les facteurs de conflit et à renforcer la résilience de la région face à la violence.
Les jeunes, qui constituent la majeure partie de la population de la région des Grands Lacs, ont été exposés à des violences directes, notamment aux déplacements, au recrutement forcé dans des groupes armés et aux violences sexuelles et sexistes. Ils subissent également les conséquences de violences indirectes, telles que la transmission intergénérationnelle des traumatismes, le manque de scolarisation, ainsi que le manque d'emplois et de moyens de subsistance. Pourtant, les jeunes sont souvent négligés en tant qu'acteurs essentiels de la consolidation de la paix aux niveaux national et régional, malgré leurs perspectives uniques, leur dynamisme et leurs solutions innovantes pour consolider la paix et régler les conflits.
Le programme Grands Lacs d'Interpeace vise à renforcer le leadership des jeunes dans les processus de paix au Burundi, en RDC (Nord et Sud-Kivu), au Rwanda et en Ouganda. Avec des partenaires locaux, le Pole Institute, Never Again Rwanda (NAR), le Centre d'alerte et de prévention des conflits (CENAP), Action pour la paix et la concorde (APC), Refugee Law Project (RLP) et Vision Jeunesse Nouvelle (VJN), l’organisation aide les jeunes à exploiter et à développer leur potentiel de leadership, leurs capacités et leur contribution aux processus de consolidation de la paix dans la région, tout en renforçant les liens transfrontaliers entre eux et avec les autorités politiques et du secteur privé. La troisième phase du programme de dialogue transfrontalier des jeunes en 2024 a impliqué 150 personnes, dont exactement la moitié étaient des femmes.