Des élections pacifiques en Côte d’Ivoire grâce à un baromètre de la violence politique, l’engagement participatif et la mobilisation citoyenne

En Côte d’Ivoire, l’environnement socio-politique et la gouvernance démocratique demeurent fragiles dans de nombreuses localités, plus d’une décennie après la crise post-électorale de 2010 qui a fait officiellement plus de trois mille morts. La faible participation de la population à la gestion des affaires publiques, couplée à la persistance de tensions autour des modalités de désignation de certaines autorités coutumières ou politiques, et à un sentiment d’abandon et de défiance à l’égard de certaines autorités gouvernementales, constituent un terreau fertile pour la manipulation politique de conflits et tensions latentes au sein des communautés.

Ce risque est particulièrement accru lors des échéances électorales. A l’occasion des élections locales (municipales et régionales du 13 octobre 2018) et de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, des confrontations violentes au sein de la population ont eu lieu. Dans certaines localités, en plus de ces tensions, des accusations de pression, de manipulation du processus électoral et de falsification des résultats ont été formulées entre partisans. Du fait du manque d’encadrement de mécanismes de gouvernance démocratique locale, souvent fragilisés, ces cycles de violence politique et électorale prennent encore plus d’ampleur.

Face à ces menaces pour la paix et la cohésion, Indigo Côte d’Ivoire et Interpeace, ont réalisé, avec l’appui technique de leur partenaire SeeD (Centre for Sustainable Peace and Democratic Development), un processus de consultations et une enquête dénommée SCORE, à l’effet d’analyser les déterminants clés et les leviers de prévention de la violence politique dans le pays.

Parmi les messages clés issus de cette recherche, « la vulnérabilité d’une localité aux phénomènes de violence politique s’illustre par un contexte où les communautés ont tendance à se replier sur elles-mêmes et éviter de s’intégrer aux autres ».    

Ces contextes sont identifiables par le caractère peu apaisé des interactions quotidiennes entre les groupes sociaux (politiques, religieux, ethniques) et le passage aisé d’évènements « anodins » (par exemple lors d’un match de football ou d’un accident de voiture) à un conflit intergroupe. Cette dynamique aboutit à une fragilisation du lien social entre les communautés qui les prédispose à la confrontation violente.

Face à ces constats des Cadres de collaboration (CDC) ont été mis en place. Cette ingénierie de gouvernance collaborative citoyenne des initiatives de prévention et de gestion des conflits au niveau local a permis d’obtenir des résultats satisfaisants, par exemple une absence de violence observée pendant les élections municipales, sénatoriales et régionales en 2023, dans les zones de mise en œuvre du projet.

A Béoumi (au centre de la Côte d’Ivoire), par exemple, la mise en place du CDC a été marquée par un contexte de grande méfiance entre les communautés. Cependant, grâce à leurs actions, les premiers membres du cadre de collaboration, essentiellement composé de membres influents d’une seule communauté, sont arrivés à intégrer des membres des autres communautés dans ce dispositif Ils y sont parvenus en démarchant des acteurs pertinents et influents en vue de faciliter la participation des autres communautés aux initiatives de rapprochement communautaire; ces derniers ont par la suite été invités aux différents ateliers et sessions de dialogue avec le CDC, ce qui a facilité leur adhésion. Grace à cette stratégie, le cadre a une coloration hétérogène et intercommunautaire et mène désormais des activités dans les différents quartiers de la localité.

De même, la ville de Divo (sud du pays), qui s’illustrait par des affrontements intercommunautaires à chaque élection, qu’elle soit locale ou nationale, a pu gagner le pari de ‘’ Zéro violence ‘’ lors du dernier scrutin.

 « Au niveau de Divo, notre CDC est assez jeune puisqu’il date de mars 2023. Mais avant cela, la ville de Divo a été marquée par une succession de conflits post-électoraux. Et ces conflits sont restés marqués dans la mémoire collective. De sorte qu’on a atteint un pic de violence en août 2020 (élection présidentielle) qui a occasionné des pertes en vies humaines (…). Il y avait une certaine polarisation entre les autochtones et non autochtones. Le CDC a initié un certain nombre d’action auprès de ces personnes-là qui étaient fortement impliquées dans les violences de 2020. Il y a eu des causeries débats avec les femmes qui ont aussi participé de manière active aux conflits et aussi une rencontre avec les jeunes. Cela nous a énormément aidé car cette année les élections régionales et municipales se sont déroulées dans la paix. Le CDC a rencontré les candidats politiques et états-majors et ceux-ci se sont impliqués dans cette dynamique de paix. Ils ont pris la résolution de parler à leurs militants pour que cette année les élections se déroulent dans de bonnes conditions et c’est ce qui a été fait », estime le sous-préfet de Divo.

Plusieurs autorités administratives de la région ont fait le vœu de voir s’installer un Cadre de collaboration dans leurs circonscriptions. Et de fait, à l’orée de l’élection présidentielle de 2025, un besoin important de passage à échelle et de renforcement de ces structures et mécanismes de prévention au sein des zones les plus affectées lors des précédents cycles électoraux semble nécessaire, comme exprimé par les parties prenantes. L’objectif est de prévenir durablement la transformation de divisions entre partisans de différents dirigeants politiques en conflits communautaires..

La ministre ivoirienne de la cohésion nationale, de la solidarité et de la lutte contre la pauvreté, LOGBOH Myss Belmonde DOGO, l’exprimait ainsi lors de la clôture du projet : « Au moment où s’achève le projet et à l’aune de l’élection de 2025, l’anticipation doit être le maître-mot. Nous devons presser le pas pour ne pas agir seulement à la veille des échéances et engranger des résultats positifs. C’est pourquoi, j’invite Interpeace, Indigo, SeeD et les autres acteurs à bâtir avec nous l’avenir. (…) Il est important de pouvoir étendre cette ingénierie de gouvernance collaborative et citoyenne au-delà des localités qui en ont déjà bénéficié, parce que les résultats démontrent que c’est une approche qui peut permettre vraiment de réduire la violence et les conflits de manière durable et surtout à travers l'engagement et l’appropriation de tous », a-t-elle affirmée.

La cheffe de la délégation de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, l’ambassadrice Francesca Di Mauro, est du même avis : « Nous avons tous en ligne de mire les prochaines élections, notamment présidentielle, qui suscitent beaucoup d’engouement et de ce fait peuvent présenter potentiellement des risques. Ce contexte général éveille notre attention et nous interpelle tous sur notre responsabilité et notre rôle pour [nous] assurer que le jeu démocratique et l’animation de la vie politique, ne soient pas des opportunités de violence, mais bien des moments de dialogue pour construire une société harmonieuse et paisible ».

En adéquation avec ces orientations, l’une des principales recommandations de cette enquête est la mise en place, à court terme, d’un outil barométrique permettant un système d’alerte et de réponse précocesur la base des résultats de l’analyse SCORE, allant de pair avec une mise à l’échelle des cadres de collaboration sur l’ensemble du territoire ivoirien.

Accédez à tous les résultats de l’enquête SCORE ici et au rapport de synthèse des analyses et des recommandations ici.

Ministry of Interior, Federal Affairs & Reconciliation (MOIFAR) and Interpeace Forge Strategic Partnership for Peacebuilding in Somalia

Mogadishu, Somalia, 2 March 2024 – The Ministry of Interior, Federal Affairs & Reconciliation (MOIFAR) of the Federal Government of Somalia and Interpeace, an international organization dedicated to peacebuilding, have signed a Memorandum of Understanding (MoU) to advance the National Reconciliation Plan. This plan aims to rebuild trust among the Somali people and in government institutions for peaceful co-existence, recovery, and reconstruction.

The MoU, signed by His Excellency Ahmed Moallim Fiqi, Minister, MOIFAR, and Itonde Kakoma, President of Interpeace, establishes a partnership focused on promoting reconciliation, sharing expertise, and supporting peacebuilding processes across Somalia. Through this collaboration, MOIFAR and Interpeace aim to work on key areas to empower local communities, civil society, and government stakeholders in their joint pursuit of sustainable peace.

In his remarks on the partnership, Minister Ahmed Moallim Fiqi stated, "We are honored to commence this vital partnership with Interpeace. Together, we will endeavor to foster an environment conducive to peace and reconciliation through the framework of the national reconciliation pillars, which are crucial for Somalia's stability."

Interpeace, known for its 30 years of  community-led peacebuilding efforts, will utilise its experience and networks to aid MOIFAR's endeavors in Somalia. "This partnership represents a significant step towards a genuine commitment to advancing the National Reconciliation Plan," affirmed Itonde Kakoma, President of Interpeace.

The collaboration between MOIFAR and Interpeace marks a significant step forward in advancing peacebuilding and reconciliation efforts in Somalia. By embracing the principles of peace, dignity and participatory approaches, both parties are committed to contributing meaningfully to Somalia's journey towards sustainable peace and development.

For more information please contact:

Ahmed Abdullahi

Country Representative, Somalia Interpeace

abdullahi@interpeace.org

Les activités génératrices de revenus comme moyens de renforcement de la cohésion sociale

Dans le cadre de sa mission de consolidation de la paix, Interpeace a initié, avec l’appui technique et financier de la Fondation PATRIP, de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW), de l’Allemagne et du Danemark, le projet « Brique par brique : renforcer la cohésion sociale et prévenir les conflits à la frontière Mali-Burkina Faso ». Cette initiative vise à promouvoir la stabilisation économique, politique et sociale et la résilience des communautés vivant dans les régions fragiles, notamment le long des frontières entre le Mali et le Burkina Faso, et de favoriser la résolution locale des conflits et la prévention de l’extrémisme violent. A cette fin, Interpeace a développé un dispositif de soutien à l’autonomisation des femmes et des jeunes.

La crise sécuritaire et les conflits communautaires dans le Sahel appellent une synergie d’actions des Etats, des partenaires au développement et des organisations communautaires dans le but de réinstaurer ou de consolider la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Faisant écho à l’urgence inhérente à cette situation dans la bande frontalière Mali-Burkina Faso, Interpeace a développé, avec l’appui de la Fondation PATRIP, le projet « Brique par brique : renforcer la cohésion sociale et prévenir les conflits à la frontière Mali-Burkina Faso ». Cette initiative a été précédée d’une première phase qui a fait émerger, de façon participative, les dynamiques conflictuelles de la zone frontalière ainsi que les réponses à y adresser.

Au titre des pistes proposées, il ressort le développement d’activités génératrices de revenus avec une dimension environnementale dont l’objectif est de promouvoir l’autonomisation des populations vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Cette approche contribue à réduire les sources de tensions sociales autour de l’exploitation des ressources naturelles.

Au regard de la dimension communautaire des activités et pour des enjeux liés à l’appropriation locale et à la durabilité du projet, le soutien aux activités génératrices de revenus a été réalisé avec l’appui des organisations locales aussi bien au Mali qu’au Burkina Faso. Il s’agit notamment d’Esther Vision du Burkina Faso et de l’ONG Action pour le développement des initiatives locales (ADILO) du Mali.

Le dispositif d’accompagnement des activités génératrices de revenus a été développé suivant trois étapes. Après une étude d’identification et de vulgarisation des emplois verts, soixante femmes et jeunes ont été choisis et formés à l’élevage, à la production céréalière, à la transformation de produits forestiers non ligneux ou encore en apiculture. Les participants ont été suivant un processus participatif et inclusif et selon des critères de vulnérabilité, d’âge, de sexe et de résidence. A l’issue de la formation, des kits d’installation et de démarrage leur ont été remis. « J’ai reçu une formation en apiculture, puis j’ai été doté de matériels de production. Grâce à cela, j'exerce maintenant une activité qui est rentable et j’ai acquis de nouvelles connaissances sur la récolte et la commercialisation du miel », affirme Mamadou Traoré, un participant de Koloko, au Burkina Faso.

En sus, les activités génératrices de revenus promues suscitent des perspectives d’emplois différents dans l’optique de créer des alternatives aux activités liées à l’exploitation des ressources naturelles qui fait l’objet de tensions dans la zone d’intervention du projet. « Grâce à la formation, j'ai reçu des compétences qui me permettent d'améliorer ma productivité, la conservation et la commercialisation de soumbala. Aujourd’hui, nous réalisons plus de bénéfices », affirme Odette Sanou, une participante et productrice de soumbala de Koloko, au Burkina Faso.

Des propos recueillis auprès des jeunes et des femmes, il ressort que ces alternatives développées ont permis de réduire la compétition autour de l’exploitation des ressources naturelles. Les conflits sur cette question se sont par conséquent amenuisés. En effet, toutes les participantes ont reconnu qu’avant l’intervention du projet, les femmes tiraient l’essentiel de leurs revenus de l’exploitation des produits forestiers non ligneux : karité et néré entre autres. La compétition qui en découlait constituait une véritable source de conflits quotidiens. Ceux-ci transcendaient souvent les familles pour impliquer des villages entiers.

Aujourd’hui, la promotion des activités génératrices de revenus a non seulement réduit la concurrence autour de ces activités, mais a permis également aux femmes d’avoir d’autres perspectives, réduisant considérablement les conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles. Wassa SANOGO, participante résidant à Hermakono, au Mali a d’ailleurs affirmé que : « depuis que je me suis orientée vers l’élevage des petits ruminants, je m’entends mieux avec mes coépouses et les autres femmes qui transforment et écoulent les noix de karité ».

Aussi, les difficultés d’accès à la terre ont exacerbé le chômage et la précarité des jeunes. Cette situation les expose aux alternatives proposées par les groupes armés présents dans la zone. L’accompagnement pour la réalisation des activités génératrices de revenus est, de leur point de vue, de nature à accroître leur autonomisation et à renforcer leur résilience face aux tentatives de recrutement des groupes armés. DrissaTraoré, un participant résidant à Hermakono, au Mali, a soutenu que « grâce à la formation, j’ai pu acquérir des techniques culturales qui m’ont permis de cultiver le maïs sur un hectare et les récoltes s’annoncent bonnes. Je pense que si tous les jeunes avaient cette chance, les groupes terroristes n’auraient pas pu enrôler certains et nous serions en paix ».

En définitive, si les activités génératrices de revenus ont d’emblée vocation à soutenir l’autonomisation des femmes et des jeunes, elles contribuent à réduire la concurrence autour de l’exploitation des ressources naturelles et à renforcer leur résilience. Elles permettent par conséquent de prévenir les conflits et de renforcer la cohésion sociale. C’est pourquoi, pour Interpeace et ses partenaires, l’appui à ces activités comme moyens de subsistance constituent aujourd’hui une des alternatives de prévention des conflits et de promotion de la cohésion sociale.

Les jeunes innovateurs déterminés à faire parler la paix dans la région des Grands Lacs

Having long been plagued by instability, conflict, and war, the people of the Great Lakes region remain steadfast in their pursuit of peace.  With this objective in mind, young people from Rwanda, Uganda, the Democratic Republic of Congo (DRC) and Burundi met for three days in Kigali from 11 to 13 December for a workshop organised by Interpeace and its local partners, namely Pole Institute and Action pour la Paix et la Concorde (APC) in the Democratic Republic of Congo, Centre d'Alerte et de Prévention des Conflits (CENAP) in Burundi, Vision Jeunesse Nouvelle (VJN) and Never Again Rwanda in Rwanda. This workshop was part of the ‘Cross-border Dialogue and Youth Empowerment for Peace in the Great Lakes Region’ programme. The aim was to exchange ideas on peace initiatives led by young innovators and peace fellows supported by the programme.

Il a servi de platforme et d’opportunité pour discuter des efforts de consolidation de la paix dans la région ainsi que de saluer l’apport des jeunes à cette noble cause à travers leurs diverses initiatives mises en oeuvre dans leurs pays respectifs.

En RDC, les espaces MUUNGANO et l'initiative TUUNGANE KWA AMANI ont notamment été portées par des jeunes des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu respectivement, dans des milieux scolaires et universitaires ainsi que dans les communautés.

De leur côté, pour promouvoir la cohabitation pacifique entre les réfugiés et les communautés d’accueil, les jeunes innovateurs ougandais utilisent le football pour favoriser un espace de socialisation et d’échange entre ces deux catégories d’habitants, privilégiant ainsi les jeux pour promouvoir l’harmonie et l’entente dans leurs milieu.

L'initiative J’IBUNTU est celle lancée par ceux du Burundi pour faire advancer la résilience socio-économique dans leurs communautés. Ces jeunes recourent également aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, en établissant des plateformes de discussion sur les réseaux sociaux pour véhiculer leurs messages.

Enfin, au Rwanda, les innovateurs qui participaient militent pour la santé mentale et l’entrepreneuriat pour la paix par l'initiative AMANI YOUTH EXPO. La cible principale étant la jeunesse, ils forment, informent et sensibilisent sur ces questions.

Convaincus que la paix est possible et dans l'optique de pérenniser l'impact de leurs initiatives dans la région des Grands Lacs, après avoir reçu des certificats de mérite, ces jeunes innovateurs appellent tout un chacun à s'approprier le message de la consolidation de la paix. Ils insistent cependant sur le soutien et l'engagement actif des décideurs afin d’aboutir à une paix durable dans la region et se servent de leurs slogan: “Alors viens autour du feu, autour du feu de la paix autour du feu”.

Représentant l'Union européenne à cet atelier, le chef de la section politique à la délégation au Rwanda, Uwe Wissenbach, a rappelé le combat que mène cette coalition pour la construction de la paix et n’a pas manqué à saluer ces initiatives. "Résoudre les conflits, cela prend du temps et beaucoup d'énergie. L'important, c'est de faire intervenir des échanges d'idées pacifiques et qu'on puisse construire ensemble un avenir. Alors, j'ai écouté avec beaucoup d’attention les différentes interventions des jeunes des différents pays. Leurs initiatives sont louables", a déclaré Wissenbach.

Prenant la parole, le représentant de la Coopération suisse au développement à cet atelier, Dominique Habimana, a dit: “Les jeunes sont l’espoir non seulement de demain mais aussi d’aujourd’hui. Demain commence aujourd’hui. Ils possèdent de l’energie nécessaire pour relever les défis. Notre rôle doit être de les accompagner pour qu’ils jouent lemleur efficacement”.

Invité d’honeur à ces assises, le directeur général chargé de la communication et des partenariats au ministère rwandais de l'unité nationale et l'engagement civique (MINUBUMWE), Paul Rukesha, a appelé les jeunes à travailler ensemble pour combattre les discours de haine. "Nous encourageons les jeunes à s'unir, à avoir de l'amour et à éviter toute forme de discrimination”, a-t-il indiqué.

Depuis son lancement, le programme “Dialogue transfrontalier et autonomisation des jeunes pour la paix dans la région des Grands Lacs”, sous l’appui financier de l’Union européenne et de la Coopération suisse au développement, a apporté des changements remarquables sur le terrain.

Parmi ses principales réalisations, figurent 30 jeunes innovateurs et 120 peace fellows formés et encadrés pour devenir des acteurs de paix dans leurs pays et communautés respectifs; cinq initiatives innovatrices de consolidation de la paix développées par les jeunes, soutenues techniquement et financièrement par le programme; 19 dialogues intergénérationnels et interculturels et sept dialogues politiques organisés, facilitant ainsi un espace sûr pour que les jeunes et les aînés puissent discuter et promouvoir une culture de dialogue afin de surmonter les préjugés et les stéréotypes; deux festivals transfrontaliers de la paix au Burundi et au Rwanda, ayant atteint 821 participants; ou encore un sommet de la paix des jeunes des Grands Lacs tenu au Burundi en mars 2023 et qui a fourni aux jeunes un espace d’échange entre eux, avec les aînés et les décideurs politiques sur les défis auxquels est confrontée la nouvelle génération, de même que les opportunités de jouer pleinement leur rôle clé dans le processus de paix et de développement.

Le CGIAR et Interpeace lancent un tableau de bord innovant pour promouvoir la paix grâce au financement climatique

In the face of increasing climate threats and security challenges, International Financial Institutions (IFIs) and climate funds are responsible for aiding regions where climate  vulnerabilities intersect with fragility and conflict. Recent research indicates that a staggering 40% of the 1.3 billion people worldwide exposed to climate hazards reside in fragile and conflict-affected settings. In other words, climate change disproportionately impacts those already suffering from conflict and fragility. This is why finance must reach those affected by this double burden.

En réponse à ce problème critique, les fonds affiliés à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont pour mandat d'allouer des ressources substantielles à ces zones vulnérables. Toutefois, ce dispositif ne peut réussir que si le financement climatique tient compte des conflits. Sans de telles stratégies, il existe un risque considérable que les fonds ne parviennent pas à atteindre les personnes les plus vulnérables aux impacts combinés des menaces climatiques et sécuritaires ou, pire encore, qu’ils aggravent involontairement les griefs locaux et intensifient les pratiques d’exclusion.

Dans le même temps, il existe une opportunité (et une responsabilité) pour que l’action climatique contribue positivement à l’établissement de la confiance et à la stabilité. Cet objectif est atteint en allant au-delà de la sensibilité aux conflits pour contribuer délibérément à la paix en soutenant un changement inclusif, sensible au genre et mené localement, renforçant ainsi la résilience des communautés aux conflits et à la violence.

Un outil sur mesure de réponse à la paix pour les initiatives climatiques dévoilé à la COP28

Pour relever ce défi aux multiples facettes, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) et Interpeace ont développé en partenariat le Tableau de bord de programmation de la sécurité climatique pour le financement climatique (CSPDxCF) , un outil innovant visant à aider les pays, les organisations et les entreprises à évaluer la sensibilité aux conflits de leurs projets d'atténuation et d'adaptation au changement climatique lorsque ceux-ci recherchent des financements auprès des IFI et des fonds climatiques. Cet outil combine un profil de risque individuel répondant aux caractéristiques du projet avec des conseils personnalisés en matière de sensibilité aux conflits et de proactivité pour la paix. Le tableau de bord a été établi dans le cadre des initiatives du CGIAR sur la résilience climatique (ClimBeR) et sur la fragilité, les conflits et la migration (FCM).

S'appuyant sur l'expertise de celui-ci en science du climat et sur l'expérience d'Interpeace dans le soutien aux processus de consolidation de la paix dans certains des endroits les plus vulnérables au climat, CSPDxCF aspire à améliorer l'acheminement des fonds aux communautés les plus à risque, en garantissant que les initiatives climatiques contribuent à la fois à la résilience climatique et à la paix.

Le CSPDxCF a été lancé lors de la 28e Conférence sur le changement climatique (COP 28). Une table ronde a rassemblé des partenaires stratégiques tels que le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds vert pour le climat (GCF), le Groupe de la Banque islamique de développement (BID) et l'Agence américaine pour le développement international (USAID).

« Une compréhension plus approfondie des défis spécifiques rencontrés dans la fourniture de financements climatiques dans les contextes fragiles et affectés par des conflits est nécessaire ; nous avons besoin d’approches collaboratives adaptées, intersectorielles », a déclaré le responsable du climat et de la croissance verte à la BAD, Al-Hamndou Dorsouma. En outre, le responsable de la division Fragilité et résilience du Groupe de la BID, Abdi Abdullahi a lui reconnu que son entité « continuera à opérationnaliser une approche basée sur la sensibilité aux conflits ». Ce tableau de bord nous aidera à aborder la question de la prévention ».

Comment fonctionne le CSPDxCF

Le CSPDxCF a été établi pour être un outil convivial, offrant des analyses de risques et des conseils rationalisés. Le tableau de bord facilite la fourniture de conseils automatisés et sensibles aux conflits, mettant en lumière les risques de conflit potentiels et proposant des stratégies d'atténuation sur mesure. Cette approche garantit que les projets répondent non seulement aux préoccupations climatiques, mais tiennent également compte des contextes sociopolitiques délicats.

Le CSPDxCF est en libre accès et fournit des évaluations préliminaires des risques sectoriels, ainsi que des conseils sur la sensibilité aux conflits et la proactivité pour la paix lors des étapes d’idéation et de conception du projet, rationalisant ainsi le processus de planification. Reconnaissant la complexité du lien entre le changement climatique et la paix, il rassemble également une série thématique de huit notes d’orientation pour une programmation éclairée par la paix, adaptées aux domaines de résultats du Fonds vert pour le climat. La série vise à offrir une analyse plus approfondie de l’interrelation entre chaque secteur avec les dynamiques de conflit et de paix. Les dossiers sont accessibles ici : santé, nourriture, eau; moyens de subsistance; infrastructures et environnement bâti; les écosystèmes; énergie; transport; bâtiments, villes, industries; utilisations des forêts et des terres.

Interpeace accueille Amina Mohamed et Miriam Coronel Ferrer au sein de son conseil d'administration

Interpeace a l'honneur d'accueillir Amina Mohamed et Miriam Coronel Ferrer au sein de son conseil d'administration. Ces deux responsables ont été élues à l'unanimité et leurs nominations confirmées lors de la quarante-quatrième réunion de cet organe qui a eu lieu le mercredi 6 décembre 2023.

Le conseil d’administration a également discuté de l’évolution du paysage mondial des conflits, de la sécurité et de la consolidation de la paix. Et il a examiné l’orientation stratégique d’Interpeace.

Mme Coronel Ferrer est co-fondatrice de Southeast Asian Women Peace Mediators, une plateforme de femmes d'Asie du Sud-Est engagées dans la médiation, la négociation et la facilitation des processus de paix. Professeure retraitée de sciences politiques à l'Université des Philippines, elle a présidé le groupe d'experts du gouvernement philippin qui a négocié et signé l'Accord global sur le Bangsamoro avec le Front islamique de libération Moro le 27 mars 2014. Mme Coronel Ferrer était membre de l’équipe de réserve d'experts en médiation des Nations Unies entre 2018 et 2021. À ce titre, elle a donné un soutien en matière de médiation aux missions de l'ONU en Afghanistan, en Irak, aux Maldives, au Kosovo, en Géorgie et en Asie du Sud-Est, entre autres. Mme Coronel Ferrer a également soutenu diverses initiatives visant à faire progresser l'inclusion des femmes et des jeunes dans les processus de médiation et de paix.

Mme Mohammed a eu une carrière distinguée dans la fonction publique du Kenya. Elle a occupé trois portefeuilles ministériels : secrétaire du Cabinet des Affaires étrangères et du commerce international ; éducation, science et technologie ; et sports, culture et patrimoine. Mme Mohamed a également été secrétaire permanente à la justice, à la cohésion nationale et aux affaires constitutionnelles. Elle est une ancienne sous-secrétaire générale des Nations Unies et directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Mme Mohamed a été ambassadrice et représentante permanente à la mission du Kenya auprès des Nations Unies à Genève de 2000 à 2006.

Le conseil d'administration d'Interpeace est l'organe décisionnel suprême de l'organisation et définit la stratégie globale de l'institution. Il est constitué de personnalités éminentes des secteurs gouvernemental, international et commercial.

« Nous sommes honorés, motivés et inspirés par les nominations de Miriam Coronel Ferrer et d'Amina Mohamed. Nous sommes impatients de pouvoir compter sur leur sagesse et leur leadership au sein de notre conseil d’administration, afin de continuer à renforcer le travail de consolidation de la paix d’Interpeace, profondément enraciné dans les communautés d’envergure mondiale », a déclaré le président d’Interpeace, Itonde Kakoma.