Ituri : impliquer l’administration foncière pour prévenir les conflits entre les communautés

« Nous sommes tous la terre… c’est mieux que la terre nous nourrisse et nous unisse… ». Face aux tensions foncières observées dans le territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC), l’administration a un rôle à jouer pour prévenir les conflits.

Dans le bureau de la division du service de cadastre, la nervosité est palpable chaque jour. En ce petit matin, une palabre vient d’opposer deux familles sur les limites des concessions. Pour le chef de division, le non-respect des procédures d’acquisition de la terre est en cause. Ces scènes de tensions se transforment pour la plupart en des conflits violents si certains membres de ce service ne sont pas suffisamment outillés sur la gestion des questions foncières.

Pour prévenir des affrontements et rétablir la paix entre les communautés, Interpeace a lancé une série de consultations et accompagnements des responsables provinciaux et acteurs locaux de l’administration foncière de l’Ituri. Cette approche est menée dans le cadre de la mise en œuvre du projet "Soutien à la médiation pour la résilience et la paix en Ituri et au Grand Nord-Kivu" financé par l’Union européenne. Elle est pilotée par un consortium de médiation regroupant Interpeace, Pole Institute, Action pour la paix et la concorde (APC) et le Centre de coopération internationale de l’Université de New York.

Fin février dernier, un atelier d’accompagnement technique d’une trentaine d’acteurs locaux pour la résolution des conflits fonciers en territoire de Mambasa a été organisé. "Nous devons nous demander quel est l'héritage que nous allons laisser à la génération future. Nous devons écrire notre histoire. Ce n'est pas évident que nous puissions léguer à nos enfants les conflits, les mésententes ou les mauvaises choses'', a laissé entendre le chargé de programme au sein d’Interpeace, Christian Vangazi, au terme de cette discussion. Au cours de ces deux journées d'échanges, une trentaine de participants, parmi lesquels les leaders communautaires, ont abordé la compréhension de la loi et l’identification des contentieux fonciers. S’en est suivi un plan d'action face aux différends pouvant faire l'objet d'une médiation. l’administration a un rôle à jouer pour prévenir les conflits CONAREF) ont également été évoqués. Face aux tensions foncières observées dans le territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC), programme manager at Interpeace.

Au cours des échanges, les participants ont avoué avoir appris de nouvelles connaissances en rapport avec le domaine foncier. Pour eux, cette remise à niveau constitue une école d'apprentissage pour gérer les multiples conflits à Mambasa. "Nous félicitons Interpeace pour ce renforcement de capacité. Moi j'ai été marqué par la procédure d'acquisition de terres et l'historique de la législation foncière. (...) Vraiment merci beaucoup pour ces rappels", a affirmé un agent du service de l'urbanisme présent dans la salle. Et le chargé de relations publiques au parlement des jeunes de Mambasa, Papy Kalala, d’ajouter : « il est important de savoir résoudre les problèmes (...) et la solution passe par une bonne maîtrise du domaine foncier. (...) Cet atelier est une occasion pour nous tous de renforcer nos connaissances en cette matière ».

A travers ce projet, Interpeace souhaite mobiliser tous les membres de l’administration foncière dans la résolution des conflits fonciers pour rétablir la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés. « Je vous appelle à nous prêter main forte dans ce que nous faisons afin que nous puissions déraciner tous les conflits et toutes les mésententes que connaît Mambasa. Nous sommes tous la terre et nous retournerons dans la terre » ,a déclaré Christian Vangazi .

Impliqué activement dans la mise œuvre de ce projet, l’administrateur militaire adjoint du territoire de Mambasa a exhorté les participants à ne pas seulement véhiculer les messages mais plutôt à vulgariser le cadre légal mis en place par le législateur. « Nous devons être des modèles dans la conduite des actions sur terrain et être guidés par l'esprit de la loi étant donné que nous agissons au nom de l'Etat congolais » .

Satisfaits, d’autres participants ont avoué que c'est grâce à cette séance de capacitation qu'ils sont à même de faire la distinction entre les services de l'administration foncière et celui de l’aménagement du territoire. "J'étais dans la confusion. Je ne savais pas qui faisait quoi entre les affaires foncières et le cadastre. (...) Je suis très reconnaissant envers Interpeace", a déclaré le chef de service du plan à Mambasa, Jean Maombi. "Avant cette formation, je pensais que chacun pouvait disposer de la terre comme il pouvait. (...) Grâce à cette formation, je viens d'apprendre beaucoup de choses. A nous maintenant de les mettre en pratique afin d'éviter de créer d'autres conflits fonciers à Mambasa", a affirmé pour sa part une conseillère auprès du chef de l’un des quartiers de Mambasa, Asha Hamadi.

Pour la coordination territoriale de la société civile, cette session de renforcement de capacité tombe à point nommé. Selon sa responsable, Marie-Noelle Anotane, il fallait un "rappel à l'ordre des animateurs de l'administration foncière", car d'après elle, "ce sont les services de l'administration foncière qui sont à la base de plusieurs conflits" à Mambasa. Pour rappel, les consultations avec les acteurs de la province de l’Ituri ont été menées depuis mai 2022 pour identifier les organisations œuvrant dans le domaine de la consolidation de la paix. Celles-ci ont permis de toucher les autorités de l’Etat de siège dans la région ainsi que les ONG pour rendre plus opérationnelle la tenue des médiations sur les enjeux conflictuels prioritaires.

Indice éthiopien de la paix : dévoiler la voie vers une paix et une résilience durables en Éthiopie

Addis-Abeba, le 27 juin 2023 Le Ministère de la paix de la République fédérale démocratique d'Éthiopie et Interpeace, en collaboration avec le Centre pour la paix durable et le développement démocratique (SeeD) et ABCON, ont lancé aujourd'hui le projet pilote de l’Indice éthiopien de la paix (EPI) dans trois régions, celles de Sidama, la Région des nations, nationalités et peuples du Sud (SNNPR) et la Région des peuples éthiopiens du Sud-Ouest (SWEPR). Celui-ci est une initiative de recherche qui offre un outil unique pour comprendre l'état de la paix et de la résilience en Éthiopie, avec une analyse plus approfondie des complexités des conflits et de la consolidation de la paix. Il a également opérationnalisé une nouvelle approche de mesure du bas vers le haut et participative qui fournirait des stratégies fondées sur des données probantes aux acteurs locaux et internationaux dédiés à la promotion de la paix et de la réconciliation dans le pays.

L'indice, développé avec le soutien du Royaume des Pays-Bas, a utilisé une méthodologie quantitative participative dans les trois régions mentionnées ci-dessus. Grâce à une analyse complète des données recueillies auprès des citoyens, des chefs traditionnels et des administrateurs dans 101 Kebeles (petites unités administratives), il a mesuré divers facteurs influençant la paix, notamment économiques, sociaux, psychologiques, comportementaux et environnementaux.

L'EPI met l'accent sur l'importance des relations pacifiques entre communautés et entre différents groupes. Alors que les individus étaient généralement pacifiques, les communautés étaient confrontées à de nombreux conflits locaux violents. Afin de parvenir à une paix durable, il est important de cultiver un sentiment d'harmonie entre les divers groupes ethniques, de nourrir la solidarité et de renforcer les relations communautaires. L'indice met en évidence la nécessité d'une prise de décision objective par les dirigeants locaux, d'un renforcement des capacités pour réduire les préjugés et de compétences pacifiques telles que la tolérance sociale et les identités inclusives. L'étude révèle également les liens entre la paix et des domaines critiques tels que la sécurité alimentaire, le bien-être mental et l'égalité des sexes. Il appelle à des interventions ciblées qui s'attaquent à la pénurie, favorisent la cohésion sociale et autonomisent les groupes vulnérables.

Si l'indice éthiopien de la paix s'étend pour inclure davantage de régions en 2023, il fournira une référence nationale complète et permettra une analyse comparative de la dynamique de la paix en Éthiopie. Il vise à servir de ressource fiable pour les décideurs politiques, les acteurs de la paix et les partenaires de développement dans la conception d'interventions fondées sur des preuves et le suivi des avancées vers une paix positive durable. En adoptant une optique multi-systématique et en tirant parti des informations fournies par l'Indice éthiopien de la paix, les parties prenantes peuvent répondre aux griefs sous-jacents, renforcer la résilience et contribuer à une Éthiopie plus pacifique et plus prospère.

 

 

Intégration de la santé mentale et du soutien psychosocial (SMSPS) dans les efforts de consolidation de la paix et la justice transitionnelle dans les régions somaliennes

L'intégration de la SMSPS dans les efforts de consolidation de la paix et de justice transitionnelle en Somalie est cruciale pour une paix durable et le développement humain. Dans les régions touchées par des conflits comme la Somalie, les traumatismes, la dépression, l'anxiété et d'autres troubles de santé mentale ont un impact significatif sur le bien-être des personnes. D'après une étude menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un Somalien sur trois connaît des problèmes de santé mentale. De plus, le taux de suicide chez les hommes en Somalie s'élève à 11,5 pour 100 000 personnes, ce qui dépasse la moyenne mondiale.

Malheureusement, la disponibilité des services de santé mentale reste limitée, seul un petit nombre d'établissements de santé fournissant un tel soutien. Dans un pays de 15 millions d'habitants, il n'y a que trois psychiatres et 22 infirmiers qualifiés spécialisés dans les soins de santé mentale en raison d'un manque de fonds et de formation professionnelle. Le Somaliland a publié une politique de santé mentale pour 2021 afin d'améliorer les prestations, y compris le soutien communautaire, la formation, la recherche et la législation. Cependant, en raison des limites de financement dans les règlements d'application, l'adoption de la politique reste en suspens. En intégrant les programmes SMSPS, une réponse peut être efficacement apportée aux divers besoins des individus touchés par les conflits et les déplacements.

 

Le programme mené par Interpeace pour la "Cohésion sociale et gouvernance légitime par la justice transitionnelle (Miisaan)", constitué d'un consortium de partenaires divers, se concentre sur un processus de justice transitionnelle et de réconciliation à l’appropriation locale dans le contexte somalien. Le consortium reconnaît l'impact des conflits sur la santé mentale et souligne la nécessité d'intégrer la SMSPS dans les mécanismes post-conflit. Pour favoriser le dialogue et l'engagement, des tables rondes et des dialogues intergénérationnels ont été organisés à Galkayo, Erigaabo, Hargesia et Mogadiscio, impliquant des dirigeants communautaires, des responsables gouvernementaux, des organisations de la société civile, des anciens traditionnels, des jeunes et des femmes. Les discussions avec divers intervenants ont mis au jour des problèmes qui nécessitent une attention urgente pour s'attaquer aux problèmes de santé mentale. Les discussions ont permis au programme de mieux comprendre comment reconstruire les établissements de santé mentale. Pour relever ces défis, il a été convenu qu'il est crucial de donner la priorité à la collaboration entre le gouvernement et les parties prenantes pour allouer des ressources à ceux-ci et aux services de santé mentale, donner la priorité aux droits de l'homme et assurer la formation des médecins et des prestataires de services ainsi que des praticiens de la consolidation de la paix. Par ailleurs, les discussions ont exploré les pratiques traditionnelles et religieuses en tant que mécanismes d'adaptation pour les personnes touchées par la violence et les conflits.

Les discussions ont mis en évidence divers problèmes récurrents, notamment les meurtres par vengeance, les conflits fonciers, le vol de chameaux, les assassinats terroristes ciblés et les conflits administratifs, qui affectent les communautés. Les intervenants gouvernementaux qui ont participé aux discussions ont souligné la pertinence de l’approche SMSPS pour aborder les problèmes de santé mentale et tirer des leçons d'autres contextes qui ont connu des expériences de résolution communautaire.

En conséquence, une feuille de route pour l'intégration de l’approche SMSPS sera établie, en s'alignant sur les politiques, stratégies et ressources nationales. Elle visera à promouvoir le consensus et l'engagement des parties prenantes pour répondre aux besoins de santé mentale et psychosociaux dans les situations post-conflit et parvenir à une paix et une réconciliation durables. Le programme Miisaan affirme que l'intégration des structures SMSPS dans les mécanismes de justice et de réconciliation post-conflit est essentielle, étant donné l'impact négatif du conflit sur la santé mentale et de son entrave au fonctionnement pacifique des sociétés. Cette intégration contribuera à renforcer la sensibilisation, le plaidoyer et l'élaboration de politiques pour établir un avenir meilleur et des relations plus solides entre l'État et la société.

 

Le dialogue intracommunautaire de Degodia ouvre la voie à l'unité transfrontalière entre le Kenya et l'Éthiopie

Alors que les chauds rayons du soleil illuminaient le paysage aride de Rhamu, dans le comté de Mandera, le matin du 11 mars 2023, un sentiment palpable d'anticipation remplissait l'air. La communauté Degodia au Kenya se préparait pour une réunion historique qui réunirait leurs proches de l'autre côté de la frontière en Éthiopie pour aborder les meurtres sporadiques en cours qui avaient tourmenté le comté, souvent attribués à des conflits transfrontaliers débordant sur le Kenya. L'année dernière, le sous-comté de Banisa à Mandera a connu des conflits depuis les frontières des zones éthiopiennes de Dawa et de Liban, qui abritent respectivement les communautés Garre et Degodia. Les meurtres sporadiques menaçaient la paix fragile qui avait été laborieusement obtenue à Banisa depuis 2018.

Interpeace, à travers le programme au Kenya et en collaboration avec le gouvernement du comté de Mandera, a réuni pour la première fois des anciens de la communauté Degodia et des représentants du roi du clan Degodia, Wabar Abdille. Parmi les participants figuraient les membres du cabinet de celui-ci, le sous-gouverneur du comté de Mandera, des membres élus de l'Assemblée du comté et des hauts fonctionnaires du gouvernement du comté. Leur objectif commun était d'établir une approche transfrontalière inclusive pour faire face aux déclencheurs de conflit et à la discorde dans le sous-comté de Banisa, en favorisant la coopération et la confiance entre les communautés transfrontalières.

Tout au long de la réunion, les participants ont engagé des discussions sur des questions critiques. Ils ont souligné la nécessité de briser le cycle des représailles, de renforcer la confiance dans les agences de sécurité et de garantir le respect des accords antérieurs tels que la déclaration de Banisa. De même, les anciens ont souligné l'importance de revoir celle-ci et ont proposé de réviser le document pour établir un accord transfrontalier plus contraignant et plus complet qui implique les habitants de Banisa et Malkamari au Kenya et la zone transfrontalière Dawa et Liban de l’Ethiopie.

Par ailleurs, les anciens éthiopiens ont révélé que des pourparlers avec leurs homologues de Garre avaient déjà commencé du côté éthiopien, signalant des développements prometteurs dans les efforts de consolidation de la paix pour répondre aux problèmes sous-jacents du côté éthiopien.

"Nous avons pris la responsabilité de résoudre à l'amiable les problèmes entre les clans Garre et Degodia dans les zones Liban et Dawa et nous promettons qu'il n'y aura plus de retombées désormais ou moins", a déclaré le conseiller de Wabar Abdille, Cheikh Omar.

Vers la fin de la réunion, une étape importante a été franchie. Pour la première fois, les sages ont signé un accord transfrontalier intracommunautaire entre Degodia du Kenya et d'Ethiopie. Celui-ci prévoit des mesures concrètes, notamment le renforcement des efforts pour résoudre les conflits dans le district éthiopien de Moubarak et la collaboration avec les administrations des zones Liban et Dawa. Par ailleurs, la réunion a ouvert la voie à de futures rencontres entre Wabar Abdille et Sultan Mohamed, chefs traditionnels des clans Degodia et Garre, respectivement, pour établir des collaborations transfrontalières efficaces en matière de consolidation de la paix.

Remerciant la délégation qui a assisté à la réunion, le représentant national d'Interpeace au Kenya, Hassan Ismail, a appelé les dirigeants à aider à pacifier la région transfrontalière.

« Nous reconnaissons que nous ne pouvons pas maintenir une paix éternelle en travaillant uniquement du côté kenyan. Nous discuterons avec nos partenaires de développement, en particulier le Ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, pour qu’ils nous soutiennent également dans la réalisation d'un travail similaire à Dawa et dans la zone Liban en Éthiopie. De cette façon, la résilience locale pour la paix peut être garantie et soutenue », a-t-il dit.

L'importance d'associer la communauté transfrontalière à travers une telle réunion inclusive ne peut être surestimée. Les efforts précédents de consolidation de la paix s'étaient concentrés uniquement sur le Kenya, négligeant la situation en Éthiopie. Le moment de cette réunion était crucial, car le sous-comté de Banisa avait connu une recrudescence des conflits transfrontaliers et des attaques de représailles entre novembre 2022 et février 2023. Le rassemblement a insufflé l'espoir d'un avenir meilleur qui mettrait fin aux conflits, favoriserait le partage des ressources et renforcerait la collaboration entre les communautés Garre et Degodia au Kenya et en Éthiopie.

« Cette rencontre nous a permis de réaliser ce que nous n'avions pas pu faire au cours de la dernière décennie ; ce sera le début d'un engagement de consolidation de la paix à long terme avec nos proches d'Éthiopie », a souligné le président du comité de paix du district, dans le sous-comté de Mandera Nord, Haji Bare Hassan.

La réunion de dialogue intracommunautaire s'est conclue sur un sentiment d'unité et d'optimisme, ouvrant la voie aux futurs dialogues prévus pour cette année. Avec le soutien du Ministère fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne, le mécanisme réunira pour la première fois des membres des communautés Degodia et Garre du Kenya et d'Éthiopie afin d'établir un accord transfrontalier durable et contraignant qui amènerait les deux communautés à une résolution uniforme, contrairement à la précédente déclaration de Banisa qui portait seulement sur le Kenya.

Kasaï : promouvoir le leadership politique des femmes et des jeunes pour une paix durable

« Dans la politique, il n’y a pas de cadeau. Les femmes doivent commencer par mener un activisme politique dans les partis politiques. Aussi dans leurs quartiers et villages pour qu’au moment de la répartition des postes, elles soient proposées ». Cette déclaration d’un élu de la province du Kasaï, Castro Kambulu, montre le défi auquel l’intégration du genre et le leadership féminin font face pour la promotion de la femme. Il l’a dit au sortir d’un dialogue politique organisé dans la ville de Tshikapa au mois de mai par l’ONG Action pour la paix et la concorde (APC) en partenariat avec Interpeace dans une collaboration avec le gouvernement provincial. Cette réunion a eu lieu dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Renforcer le leadership des femmes et filles pour la consolidation de la paix au Kasaï et Kasaï central », en République démocratique du Congo (RDC), financé par le Fonds de consolidation de la paix du secrétariat général des Nations unies (PBF).

Animé essentiellement par les femmes, ce dialogue a été une opportunité pour les 65 participants, dont 27 femmes, de se faire un plan d’action avant la tenue des élections prévues à la fin de cette année. Parmi les activités à réaliser figure entre autres la campagne de vulgarisation des textes garantissant les droits des femmes et jeunes filles. Il sera également question de faire un plaidoyer auprès des détenteurs du pouvoir politique pour le respect de la parité lors de nominations dans les postes de prise de décision. Une approche similaire auprès des autorités coutumières en vue de se départir des pratiques avilissantes qui bloquent l’émergence de la femme sur le plan politique fait aussi partie des actions à mener.

Pour la coordonnatrice de la fondation Binadamu en action, les dirigeants et les députés doivent s’approprier cette lutte au niveau de la province en votant des édits qui font la promotion des droits des femmes. Cependant, celles-ci devraient militer pour leurs propres destins, a souligné la ministre provinciale des transports et travaux publics. Marie Kinda Kumambange fustige l’esprit d’attentisme et de victimisation de certaines femmes. Elle veut que ces personnes soient des combattantes et qu’elles cessent de se plaindre.

Pendant ce dialogue, un rappel sur les instruments juridiques pour la promotion des droits des femmes et filles a fait l’objet des discussions. Il s’agit des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité de l’ONU, de quelques dispositions du code de la famille et de la loi sur la parité. La Constitution de la RDC, le code du travail et les violences basées sur le genre sont autant d’autres instruments passés en revue. Des travaux en groupe ont permis l’élaboration d’une feuille de route. Celle-ci définit des pistes de solutions pratiques susceptibles de plébisciter les actions politiques à mener par les femmes et filles au sein de la sphère politique tant provinciale que nationale. Parmi les acteurs lors de ce dialogue, il faut ajouter quelques députés provinciaux, les membres du gouvernent provincial du Kasaï, des représentants des agences du système des Nations Unies et des acteurs sociaux. La réunion a pu s’appuyer sur l’implication des organisations internationales, de certaines autorités traditionnelles et des délégués des organisations de la société civile.

Vers un marché mondial des obligations de paix : lancement d'un Comité des normes de financement de la paix et d'un Cadre d'impact sur le financement de la paix

« Finance for Peace », la principale initiative mondiale dédiée à l’établissement de normes, de standards, de recherche et de connaissances pour promouvoir les approches d'investissement visant à favoriser la paix, est ravie d'annoncer le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt pour son Comité des normes de financement de la paix (le Comité des normes). Celui-ci jouera un rôle crucial dans le développement et la promotion des Normes d'engagement de paix ainsi que des Normes d'équité pour la paix qui permettront à la finance d'avoir un impact positif sur la paix.

« C'est gagnant-gagnant pour les secteurs de la finance et de la paix. Nous avons les meilleurs conseillers possibles du secteur financier qui nous soutiennent, un appui gouvernemental grandissant, et nous établissons un changement radical vers de meilleurs rendements financiers et des résultats pour la paix. Cette initiative est une solution innovante : elle associe finance privée et paix à un moment où les conflits se multiplient et où les sources traditionnelles de financement de la paix ne répondent pas aux besoins », a déclaré le président par intérim d'Interpeace, Simon Gimson.

« La paix est un bien public mondial. L'objectif du Cadre d'impact du financement de la paix et de la Norme de financement de la paix est de soutenir et de développer des investissements plus responsables et favorables à la paix par le secteur financier. Et nous lançons maintenant un Comité des normes pour garantir que la Norme de financement de la paix reste crédible au niveau international, évolue avec les besoins du secteur financier, résiste à l'épreuve du temps et fonctionne à la fois pour le secteur financier et les artisans de la paix », a-t-il déclaré.

« Nous sommes ravis de lancer cet appel à manifestation d'intérêt pour notre Comité des normes, parallèlement à la version 2 du Cadre d'impact du financement de la paix. En rassemblant un groupe diversifié de professionnels accomplis, nous visons à développer des normes solides qui inspireront l'intégration des principes de paix et de consolidation de la paix dans les investissements financiers », a déclaré la conseillère stratégique de « Finance for Peace », Fiona Reynolds.

Le Comité des normes réunira des professionnels accomplis possédant une expertise diversifiée dans les domaines de la finance, de l'investissement, de la durabilité, du développement et de la consolidation de la paix. Il jouera un rôle crucial dans le cadre de l'initiative « Finance for Peace », en guidant l'établissement de Normes complètes d'engagement de paix et d'équité qui favoriseront et créeront les conditions dans lesquelles le capital travaille pour des résultats plus pacifiques, justes et équitables.

L'appel à manifestation d'intérêt invite les personnes passionnées par l'utilisation du pouvoir de la finance pour favoriser la paix à postuler pour être membre du Comité des normesLes candidats retenus posséderont une compréhension de l'intersection entre les affaires, l'investissement, le développement et la consolidation de la paix, ainsi qu'un bilan de leadership exemplaire dans leur domaine respectif. Les personnes intéressées sont invitées à consulter les critères d'éligibilité et le processus de candidature. La date limite de soumission des manifestations d'intérêt est le 30 août 2023.

Le Comité des normes sera constitué d'un mélange égal de représentants de divers domaines, y compris le secteur de la finance et de l'investissement, ainsi que du développement, de la consolidation de la paix et des universitaires.

Le Comité des Standards va itérer, améliorer et fournir des conseils stratégiques sur le Cadre d'impact du financement de la paix (PFIF) ainsi que sur le Standard du financement de la paix (PFS) qui ont été mis à jour à la version 2, disponible s'inscrire ici,.

Cadre d'impact sur le financement de la paix et Norme sur le financement de la paix

L' Cadre d'impact du financement de la paix ont été établis en collaboration avec un large éventail de parties prenantes des secteurs de la finance privée, de la banque, du financement du développement, de l'investissement d'impact, de la société civile ainsi que de la consolidation de la paix et du développement.

Le PFIF est un cadre volontaire qui guide les donateurs gouvernementaux, les institutions de financement du développement, les gestionnaires d'actifs privés, les banques et les investisseurs ainsi que les acteurs de la paix sur la manière dont les approches d'investissement peuvent aboutir à des impacts de paix rigoureux et étalonnés. Les investissements alignés sur le PFIF peuvent réduire les risques pour les investisseurs ainsi que pour les communautés.

Celui-ci établit les meilleures pratiques internationales pour la labellisation des investissements dans les obligations de paix et les actions de paix par le biais d'un système d'auto-certification appelé Standard pour le financement de la paix (PFS). Le cadre dévoile les critères d'exclusion de base, un processus proposé et un modèle de partenariat sur la manière dont les investisseurs peuvent planifier, mettre en œuvre, mesurer et vérifier les impacts sur la paix.

Par ailleurs, il suggère une logique d'intervention sur la manière dont les investisseurs peuvent aboutir à une additionnalité et de meilleurs résultats pour les communautés. Le PFS et le PFIF aident les investisseurs à réduire les risques pour les communautés et les bénéficiaires en mettant en œuvre des stratégies de paix et d'investissement qui sont mieux sensibilisées aux risques politiques et sociaux tout en renforçant la confiance, l'adhésion et la certitude grâce à des approches d'investissement plus inclusives.

Leur mise à jour et leur renforcement continus sont un effort de collaboration qui vise à garantir que le cadre s'aligne sur les besoins et les aspirations des branches de la finance, de l’investissement et de la consolidation de la paix. Ils s'appuient sur d'importantes recherches cartographiques menées par « Finance for Peace » et divers autres partenaires sur les lacunes existantes dans les cadres d'investissement actuels et les cadres de diligence raisonnable pour investir dans les marchés émergents et frontières.

Le PFIF (la version 2 est disponible s'inscrire ici,est basé sur la version 1 (disponible s'inscrire ici,qui a été développée en septembre 2022 après plusieurs séries de commentaires et de consultations avec des experts en investissement durable, en finance, en consolidation de la paix, en développement et en milieu universitaire, et qui a été publiée après avoir été présenté lors de la conférence Investir pour la paix à Berlin, dans le cadre de la présidence allemande du G7 en septembre 2022.

Plus d'informations

Pourquoi le financement de la paix est nécessaire et pourquoi de nouvelles normes sont essentielles

Actuellement, 1,8 milliard de personnes, soit près d'un quart de la population mondiale, vivent dans 57 pays fragiles et touchés par des conflits qui n'atteignent pas les Objectifs de développement durable, en grande partie à cause de l'instabilité, de la violence et des conflits en cours.

L'investissement dans ces endroits est à son plus bas depuis dix ans et les approches de financement mixte existantes ne comblent actuellement pas l'écart. À cela s'ajoutent les mauvaises perceptions du marché et les preuves d'une mauvaise évaluation systémique des risques qui suppriment l'offre d'investissements à grande échelle et qui fonctionnent dans les contextes fragiles à faible revenu. Dans le même temps, il existe de nombreuses preuves que les investissements privés et publics exacerbent la dynamique des conflits et ne parviennent pas à atténuer les risques pour les bénéficiaires et les communautés. À la base de tout cela, il y a un manque important de cadres de marché adaptés, d'orientations et d'incitations pour les investisseurs publics et privés pour les aider à s'engager de manière proactive et à atténuer correctement les risques dans les contextes fragiles et touchés par les conflits.

Il est absolument nécessaire d'adopter de nouvelles méthodes d'investissement qui réduisent les risques pour les communautés et les investisseurs, afin que les capitaux puissent mieux servir la paix. Mais cela ne peut se faire sans normes et critères d'évaluation de l'impact sur la paix qui soient fiables et rigoureux et qui bénéficient de l'adhésion d'un grand nombre de parties prenantes.

À propos de « Finance for Peace »

« Finance for Peace » fonctionne comme une initiative multipartite incubée par Interpeace, une organisation internationale de consolidation de la paix dont le siège est à Genève. Elle cherche à apporter un changement systémique dans la manière dont l'investissement soutient la paix dans les régions en développement et fragiles du monde en établissant des normes pour le financement de la paix, l'intelligence du marché et de nouveaux partenariats qui peuvent développer de nouvelles approches de financement de la paix.

Manifestations d'intérêt et termes de référence du Comité des normes de financement de la paix

Cadre d'impact du financement de la paix

Norme d'engagement sur la paix

Norme d'équité en matière de paix